Var-Matin (La Seyne / Sanary)

NOS TRÉSORS

- NELLY NUSSBAUM

Le reliquaire à paperolles de l’église Sainte-Catherine d’Alexandrie au Cannet

Au sein de l’église Sainte Catherine d’Alexandrie du Cannet, dans les Alpes-Maritimes, se trouve un reliquaire à paperolles, autrement dit composé de petits papiers décorés et roulés, contenant des reliques de saints : ongles, cheveux, pourdre d’os, morceaux de peau, bouts de linceul, etc. Fabriqué au XVIIIe siècle par des Carmélites d’Avignon, il est unique en son genre et sans doute le dernier de sa lignée. Décoré de pierres semi-précieuses, il renferme 365 paperolles, toutes répertorié­es. Lors de l’essor de l’imagerie pieuse, au XVIIe siècle, les soeurs cloîtrées se lancent dans la réalisatio­n de petites oeuvres en papiers roulés, baptisées paperolles au XVIIIe siècle. Elles utilisent de fines bandelette­s de papier, qu’elles peignent et enroulent sur elles-mêmes, avec la partie rigide d’une plume d’oie. Elles y enferment de petites reliques de saints récupérés à Rome. Le Vatican, gardien officiel de reliques saintes, accepte en effet d’en céder sur demande, après un circuit très hiérarchis­é : curé, évêque, cardinal et enfin Vatican.

« Des boîtes à nonnes » destinées aux couvents

Ces « boîtes à nonnes », comme on les appelait au départ, étaient destinées à la méditation des couvents et à la dévotion des familles aisées qui les installaie­nt dans leur chapelle privée. Si cet objet rare est arrivé jusqu’à nous, c’est grâce à la sagacité des paroissien­s qui l’ont protégé dans les années 1960. Il fut d’abord offert, au début du XXe siècle, à l’église SaintePhil­omène du Cannet par une famille pieuse, restée anonyme. Mais lorsqu’en 1962, la réforme liturgique du concile Vatican II opère un changement sur la gestion de l’intérieur des églises, il ordonne le retrait des objets de culte richement décorés. Les Cannetans vont alors le retirer de l’autel de Sainte-Philomène et, avec d’autres objets précieux, le déposer à Sainte-Catherine. « SainteCath­erine n’appartient pas à l’Eglise, mais aux monuments historique­s, explique Jacques Cessin, en charge de cet édifice. Ses trésors liturgique­s n’ont donc pas été englobés dans les ordres de Vatican II. » Au fil des siècles, fragiles et passées de mode, ces boîtes ont été détruites, jetées ou simplement oubliées. Sainte-Catherine, inscrite à l’inventaire supplément­aire des monuments historique­s depuis le 29 octobre 1926, a su conserver son reliquaire à paperolles, témoignant de l’imaginatio­n des religieuse­s qui en assuraient la décoration. Sources : Jacques et Jacqueline Cessin, en charge et mémoires de l’église SainteCath­erine d’Alexandrie du Cannet.

 ?? (Photos DR) ?? Chaque paperolle du reliquaire de SainteCath­erine referme des reliques : peau, ongle, cheveu, poudre d’os, etc. Les saints à qui elles appartienn­ent sont tous répertorié­s et nommés. Ci-dessus, un détail de cet objet devenu rare.
(Photos DR) Chaque paperolle du reliquaire de SainteCath­erine referme des reliques : peau, ongle, cheveu, poudre d’os, etc. Les saints à qui elles appartienn­ent sont tous répertorié­s et nommés. Ci-dessus, un détail de cet objet devenu rare.

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