Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Enfin financée

En attente depuis plus de dix ans, la remise en état de l’ouvrage, qui protège la petite rade de la houle, devrait débuter l’année prochaine grâce à un accord financier.

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

Achaque gros coup de vent d’est, c’est le même refrain à La Seyne: les navettes maritimes n’osent plus s’arrêter au ponton de Tamaris. Les voiliers s’échouent à Balaguier. Les mytilicult­eurs craignent les dégâts sur leurs parcs. Les vagues s’écrasent sur la corniche et grignotent le bitume. Du côté de Toulon, les flottes commercial­es et militaires grimacent dans la houle, mais font avec. Jusqu’à quand ? Alors que la rade devrait être aussi calme qu’un lac de montagne (ou presque), la grande jetée remplit de moins en moins son rôle de digue. Et pour cause: « très

endommagé », cet ouvrage militaire ne protège plus les deux plus importante­s villes du Var comme il devrait le faire. Comme il le fait depuis sa constructi­on accolée à la tour Royale à la fin du XIXe siècle. Pire : chaque hiver contribue à ronger un peu plus l’édifice et… les sangs des pouvoirs publics. Car ces derniers ont depuis longtemps pris conscience de l’importance de cette barrière pour contenir les tempétueux éléments, et protéger ainsi le cabotage et l’activité économique de la rade. La volonté de développer encore la croisière, mais aussi les chantiers navals, un littoral touristiqu­e où l’aquacultur­e ne peut décemment plus faire l’impasse d’un lifting conséquent de la jetée.

Un chantier à  millions d’euros

D’autant que le constat d’un mur fragilisé ne date pas d’hier. Dans nos pages, en

2011, la Défense avait même reconnu que « si son écroulemen­t n’est pas imminent, il ne faudrait pas attendre dix ans avant de (le) refaire ». Six ans plus tard, c’est officielle­ment acté, nous dit-on : un accord a enfin été trouvé entre les utilisateu­rs du plan d’eau sur« les contours techniques du chantier » et, surtout, « son financemen­t ». Car si tout le monde s’accorde sur « l’intérêt stratégiqu­e de l’ouvrage », c’est bien une histoire de gros sous qui retardait jusque-là le projet entre l’armée, l’agglomérat­ion TPM et le départemen­t. Ainsi, la fameuse « convention », discrèteme­nt « signée cet été», arrête le montant des travaux – «13 millions d’euros » – et sa prise en charge pour moitié par la Défense et pour les quarts restants, par les deux collectivi­tés. Le chantier durerait «deux ans » et débuterait « au second semestre de l’année prochaine », si les procédures d’appel d’offres pour le marché, qui ne devrait plus tarder à être lancées, trouvent preneurs. Restent des interrogat­ions. Il y a quelques années, d’ambitieux projets pour la jetée étaient évoqués (voir par ailleurs). Les restrictio­ns budgétaire­s ont eu raison de l’imaginatio­n débordante des architecte­s – on peut le comprendre – mais surtout de plans de rénovation plus conséquent­s, et sans doute plus pérennes. Il faut simplement espérer qu’elles n’auront pas non plus freiné le potentiel de l’édifice à anticiper l’inéluctabl­e montée des eaux dans les années à venir.

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(Photos Marine nationale) Longue de  m, la jetée limite l’impact de la houle sur le cabotage, mais aussi l’activité commercial­e, aquacole et militaire de la petite rade.
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Les conséquenc­es de l’usure de la jetée sur la façade maritime ont été démontrées dans une étude de l’État, dès 1993. On voit ci-dessus, en couleurs, le faible impact de la houle avec une jetée intacte ou celui, très important, avec un ouvrage ébréché....

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