Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Vous connaissez Gilbert Doucet ? »

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A l’évocation de sa première vie, ce sont quelques souvenirs valant le détour qui reviennent à la mémoire de Jean-Claude Muesser. Ça commence comme ça : « Vous connaissez Gilbert Doucet ? Quand il a été embauché au garage, c’est moi qui devais lui montrer comment fonctionna­it le pont. Il fallait le faire descendre trèèès doucement… Mais Gilbert, lui… Il avait décidé ce jour-là de le baisser un peu plus vite, histoire de faire peur à Marinette qui pêchait en dessous, sur le quai ». Marinette est une ancienne salariée des chantiers, une figure encore bien connue du centre-ville seynois… et réputée pour son verbe haut. Mais le gaillard audessus n’avait visiblemen­t pas encore la maîtrise absolue de l’engin : « Le pont est descendu à toute vitesse ! Ça a fait des étincelles, les cannes de Marinette sont tombées à l’eau ! Oh le bazar ! Heureuseme­nt, il n’y a pas eu de casse. Il est costaud ce pont ».

Des « grappes » de minots

Et puis il ricane encore en se revoyant un lundi matin, quand il s’était « un peu assoupi là-haut dans la cabine ». Oh, ça pouvait arriver… pour peu que la veille il y ait eu un match d’anthologie au stade Marquet. Voire une troisième mi-temps du même bois… Mais l’histoire ne l’avoue pas. Juste qu’« il faisait bon là-haut, on était bien ». Tellement bien qu’il n’avait pas vu le train passer et avait donc oublié de remonter le pont. Seulement, pendant ce temps-là, la circulatio­n était coupée : « La Seyne est restée bloquée pendant presque une heure ! », glisse-t-il dans un sourire plus malin que coupable. Il se rappelle aussi des « grappes » de minots s’amusant à rester le plus longtemps possible audessus de l’eau, accrochés au pont quand celui-ci remontait, avant de lâcher prise… Et de la fois où ces petits téméraires ont trouvé leur maître : lorsque le père Simon, alias “l’Abbé volant”, a réalisé un magistral plongeon du sommet du pont culminant à une quarantain­e de mètres, devant un quai noir d’un monde retenant son souffle.

Une histoire de wagons à la mer

« Jamais rien de grave heureuseme­nt », mais JeanClaude Muesser a connu, une fois, une sacrée frayeur. Comme de nombreux autres Seynois d’ailleurs. C’était en  : « Le train est descendu tout seul de la gare – c’était en pente douce – sans personne à son bord pour l’arrêter. Il a traversé toute la ville. Mais comme il n’était pas annoncé, le pont n’était pas baissé… et plusieurs wagons ont fini dans l’eau. Un miracle qu’il n’y ait pas eu de blessé ! » Promis, ni ses collègues, ni lui n’y étaient pour quelque chose. 1. Lui aussi rugbyman seynois à cette époque, avant de devenir notamment entraîneur de l’USS, puis du RCT, du Pays d’Aix, du Stade niçois…

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