Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une alliance et des circonstan­ces

- Par MICHÈLE COTTA

Après le renoncemen­t de François Hollande, la défaite de Nicolas Sarkozy et la victoire inattendue de François Fillon à la primaire républicai­ne de novembre, l’alliance proposée par François Bayrou à Emmanuel Macron est le quatrième coup de théâtre de cette présidenti­elle qui, décidément prend tout le monde de court chaque matin. Donc, François Bayrou, après avoir entretenu le suspense, ne se présentera pas en . Un sacrifice, à n’en pas douter, pour cet homme que l’on sait « accro » ou « addict », comme il le dit lui-même, au combat présidenti­el ? Sans doute. Mais aussi, et encore plus, la volonté, face à une situation politique qu’il juge «grave», de ne pas ajouter sa candidatur­e à d’autres, de ne pas éparpiller l’offre électorale face aux Français qu’il décrit comme inquiets, déboussolé­s, déconcerté­s devant le «marécage» politique. «A situation exceptionn­elle, a plaidé Bayrou, réponse exceptionn­elle. » D’où l’offre d’alliance à Macron, offre que celui-ci a immédiatem­ent acceptée. Certes, François Bayrou n’avait pas été tendre, au début de la campagne, pour Emmanuel Macron. Mais un intérêt commun les a rapprochés, qui a balayé tout le reste : la recherche d’une nouvelle offre politique. L’alliance qu’il a proposée à Macron n’est pas un ralliement, nuance : pas de « ticket » entre les deux hommes, mais la volonté revendiqué­e par François Bayrou et Emmanuel Macron de s’inscrire entre les camps, entre la gauche et la droite, le plus âgé appuyant le plus jeune, le plus expériment­é le plus novice. Pour quoi faire ? Pour enfin changer la donne politique française, figée dans ses combats gauche-droite qu’ils jugent tous deux dépassés, offrir enfin l’occasion au centre de courir ses chances – ce qui est, depuis les débuts de la vie politique du président du Modem, son rêve inatteigna­ble. Et aussi pour lutter contre le danger que représente, à leurs yeux, un Front national au mieux de sa forme. L’accord, autant que l’on sache, n’est pas un tripatouil­lage électorali­ste. Les conditions posées par François Bayrou à Emmanuel Macron lui tiennent à coeur depuis toujours : le président du Modem a toujours réclamé, depuis dix ans au moins, une loi de moralisati­on de la vie politique, ainsi que le retour au scrutin proportion­nel aux futures législativ­es. François Hollande ne l’avait pas entendu en , Emmanuel Macron l’a entendu aujourd’hui. À moins de deux mois de la présidenti­elle, il s’agit, sans aucun doute, d’une nouvelle étape de la campagne. Emmanuel Macron traversait en ce moment quelques turbulence­s. Et pourtant, dans la même journée d’hier, il a vu venir à lui François Bayrou, et il a enregistré, presque au même moment, l’adhésion de l’écologiste François de Rugy, ministre de François Hollande, ancien candidat à la primaire de la gauche. Entre Benoît Hamon, candidat socialiste très à gauche, et François Fillon, candidat républicai­n très radical, se dégage donc un véritable espace politique qui pourrait donner de sérieuses chances de succès à Emmanuel Macron. N’allons pas trop vite. On verra dans les jours qui viennent si la nouvelle alliance change ou non la donne de la présidenti­elle.

« Ne pas éparpiller l’offre électorale face aux Français qu’il décrit comme inquiets, déboussolé­s, déconcerté­s. »

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