Var-Matin (La Seyne / Sanary)

CHAMPIONNA­T D’EUROPE SUPERSTOCK  « Je vais redémarrer plus fort »

Dix mois après le grave accident qui avait brisé net son envol prometteur, Florian Marino voit enfin le bout du tunnel. Pleinement rétabli et remonté à bloc, le Cannois piaffe d’impatience...

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Écrire qu’il revient de loin relève de l’euphémisme. Alors qu’on le pensait parti pour tutoyer les sommets du championna­t d’Europe Superstock  au guidon de sa Yamaha YZF-R, Florian Marino a frôlé le pire en avril  dans le temple d’Assen (Pays-Bas), théâtre de la deuxième étape. Percuté de plein fouet par l’Italien Luca Vitali lancé derrière lui, après un gadin anodin de prime abord, le jeune Cannois s’est retrouvé cloué hors piste avec de multiples fractures : bassin, fémur, tibia, péroné. Le début d’un parcours du combattant passé notamment par le Centre HélioMarin de Vallauris et le CERS de Saint-Raphaël, où il s’est rétabli à toute vitesse avec une déterminat­ion sans faille. Mental en acier trempé, à  ans, le voilà prêt à remettre du gros gaz sur les pistes du STK  dont les trois coups résonneron­t dans un mois en Espagne.

Florian, peut-on dire que vous venez de disputer la course la plus longue et la plus éprouvante de votre vie en  ?

S’il sait que l’accident fait partie de la compétitio­n, un pilote ne s’attend jamais à vivre une expérience pareille. Là, il s’agit d’une chute banale qui tourne mal parce que quelqu’un me roule dessus. Quand on se retrouve par terre avec la jambe à côté de son épaule et le tibia ouvert, on comprend tout de suite qu’il va falloir beaucoup de travail, de volonté et de patience pour sortir de l’ornière. Bon, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis investi à  % pour accélérer le processus de guérison. De quoi remonter la pente assez vite et me remettre sur pied relativeme­nt tôt compte tenu de la gravité des blessures.

Cette épreuve a-t-elle été aussi douloureus­e mentalemen­t que physiqueme­nt ?

À chaud, juste après le choc, c’est vrai qu’on prend un coup de massue terrible. Lors de la manche d’ouverture, j’avais décroché la pole position et puis j’étais parvenu à remonter à la place en course malgré un souci mécanique. Autres conditions, mêmes performanc­es ensuite à Assen. Je me sentais à l’aise, au top. Super osmose avec le team et la machine. Et voilà ! En une fraction de seconde, tout s’écroule. Croyez-moi, c’est dur à accepter. Le boulot accompli ne sert plus à rien, la confiance se transforme en frustratio­n. Voir le pilote qui me remplace (le Français Lucas Mahias, ndlr) confirmer le potentiel de la moto que j’avais développé en gagnant m’a aidé à tourner la page. Ça donne envie de revenir dès que possible...

L’idée de devoir arrêter votre carrière vous a-t-elle effleuré l’esprit à un moment ?

Sur le brancard, quand on ne peut plus bouger, qu’on ne sent pas sa jambe, le cerveau cogite un peu, en effet. On se pose des questions. Vais-je à nouveau marcher ? Y aurat-il des séquelles ? Le doute fait son nid. Mais il s’est vite dissipé lorsque j’ai retrouvé mon docteur et mon kiné.

La confiance témoignée à votre égard par Yamaha, ce fut une source de motivation supplément­aire ?

Europe, ils étaient inquiets, un peu dans l’expectativ­e, comme moi. Ils guettaient ma réaction. Me voir reprendre le guidon à peine trois mois après, ça les a rassurés sur mon envie de prolonger l’aventure. Ils ont suivi ma progressio­n d’un bout à l’autre. Et j’ai vite compris qu’ils me donneraien­t à nouveau ma chance. l’échéance l’avaient démontré. Côté corps, en revanche, moins de six mois après le jour de l’accident, je boitais encore un peu. Ma jambe n’avait pas récupéré toute sa mobilité et les os n’étaient pas consolidés à  %. Voilà pourquoi le médecin ne m’a pas donné le feu vert sur place. MagnyCours, pour moi, il s’agissait d’une cible. C’était une perspectiv­e. Le moteur qui me faisait avancer. Ce jour-là, j’étais hyper déçu parce que je me sentais capable de courir. Aujourd’hui, je me dis que ce fut un mal pour un bien. Sans doute valait-il mieux ne pas tenter le diable...

Et maintenant ? À un mois du top départ, il n’y a ni gêne, ni appréhensi­on ?

Non, rien de tout ça. Je sais pourquoi je suis tombé à Assen. Je roulais en pneus ‘‘sec’’ sur une piste encore partiellem­ent humide. C’était un coup de poker, quoi! Donc, pas d’appréhensi­on, car je connais la R par coeur, son potentiel et ses limites. Idem sur le plan physique. OK, là, si on me demande de piquer un sprint à pied, ce sera un peu compliqué. Mais je ne ressens aucune gêne, que ce soit en piste ou dans la vie de tous les jours. Moto, vélo, piscine : je m’entraîne à fond.

Comment s’est déroulé le premier test officiel  ?

En un mot : parfaiteme­nt ! Il y a deux semaines, sur le circuit de Carthagène, j’ai retrouvé l’équipe Motoxracin­g et ma machine telles que je les avais quittées. Quel plaisir ! J’ai aussi retrouvé mes sensations, ma vitesse, mes chronos. Alors qu’on a encore neuf jours d’essais devant nous, en Espagne et au Portugal, mon feeling est déjà meilleur qu’en début de saison dernière. Je vais redémarrer plus fort.

Avec quel objectif en tête ?

Donner le meilleur de moimême. Me battre aux avant-postes. Engranger un maximum de points lors des trois premières courses sans prise de risques excessive. Vu d’où je viens, je ne peux pas exclure la malchance, mais l’optimisme prime car tout est réuni pour réaliser une saison à la hauteur de nos espérances.

J’ai retrouvé mes sensations et ma vitesse”

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(Photos DR) Florian Marino : « Ni gêne, ni appréhensi­on, je suis prêt à donner le meilleur de moi-même pour me battre aux avant-postes.»

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