La valse des milliards
Sachant que le milliard est l’unité de compte des politiciens qui ne comptent plus, la valse des milliards est une danse que l’on exécute moitié en clamant qu’on va économiser, moitié en murmurant qu’on n’évitera pas quelques dépenses supplémentaires. La danse fait appel à trois catégories d’artistes : les étoiles qui se proposent d’économiser ; les grands sujets qui ont pour projet de dépenser davantage tandis que le corps de ballet doit faire passer l’argent des coulisses à la scène. On reconnaît les premiers à leur cravate noire, les deuxièmes à leur col blanc ouvert et les troisièmes à leur front plein de poussière car ce sont toujours eux qui vont au charbon. La chorégraphie est simple : les étoiles bougent les jambes en conservant la position assise, les grands sujets ne font que de petits pas et le corps de ballet ne cesse de courir. Les uns et les autres jonglent avec les milliards d’anciennes dettes ou de recettes espérées. Pour l’heure, si l’on annonce plus d’économies que de dépenses, c’est que la plupart des candidats n’ont pas terminé leurs additions. Ceux qui travaillent souhaiteraient souffler un peu mais ceux qui pensent sont d’accord pour ne pas diminuer la charge de ceux qui travaillent. Personnellement, j’apprécierais qu’au prochain bal des contribuables on renonce à me réserver la prochaine danse. Quitte à garder les sacs (de plus en plus vides) des infortunés qui continueront à tournoyer sur la piste.