Fillon lâché
Après Bruno Le Maire et ses soutiens, ce sont maintenant les proches de Juppé qui ont annoncé, hier, leur départ de l’équipe de campagne
Menacé par une mise en examen, perquisitionné à son domicile parisien, François Fillon a tenté une nouvelle fois de se relancer dans la campagne, se posant jeudi soir à Nîmes en «combattant» qui n’a pas «l’intention de se coucher», alors que les défections, notamment de juppéistes, se multiplient. Sur le plan judiciaire, un nouvel épisode s’est ajouté avec une perquisition dans la journée au domicile parisien de François et Penelope Fillon, dans le VIIe arrondissement, selon des sources concordantes. Mais sur la scène de la salle Parnasse à Nîmes, le candidat n’a rien lâché. «Vous avez devant vous un combattant. Que celles et ceux qui ont du cran se lèvent ! », a lancé l’ancien Premier ministre sous l’ovation d’environ 3 000 militants chauffés à blanc. « Sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingtquatre, la machine à broyer, la machine à scoops, la machine à rumeurs s’est mise en marche. Mais je vous le redis: je n’ai pas l’intention de me coucher », a-t-il prévenu. La journée fut pourtant rude avec des dizaines de défections au sein de la droite. La veille, M. Fillon avait annoncé, au terme d’une matinée rocambolesque, sa convocation judiciaire avec une probable mise en examen le 15 mars par les juges d’instruction chargés d’enquêter sur les emplois présumés fictifs de son épouse et de deux de ses enfants. Après Bruno Le Maire mercredi, c’est Gilles Boyer, conseiller d’Alain Juppé et trésorier de la campagne de François Fillon, qui a jeté l’éponge hier. Trois parlementaires proches du maire de Bordeaux ont fait de même, Benoist Apparu, Edouard Philippe et Christophe Béchu car la campagne prend une « tournure incompatible » avec leur « façon d’envisager l’engagement politique ».
Georges Fenech promeut Juppé !
De son côté, le député LR Georges Fenech a appelé à parrainer Alain Juppé, adversaire malheureux de M. Fillon à la primaire. « La base, elle, tient » et «je m’appuie sur les Français », a rétorqué dans la journée le candidat devant la presse. Et s’il était lâché par tous les élus LR ? « On fera sans eux ! », a-t-il répliqué depuis Nîmes où il a tenté, en début de soirée, de relancer sa campagne dans ce département du Gard où le FN a recueilli 42,6 % des suffrages au second tour des régionales en 2015. « Il y a un mois, on cherchait à s’accorder sur un plan B. Là, c’est plutôt : on le vire et on verra bien qui on met à la place, l’important, pour tous les courants de LR, c’est d’éviter la honte à la présidentielle », explique, sans ambages, une source LR. Il voit une issue se « dessiner autour de Juppé », qui ne serait plus visé par un veto de Nicolas Sarkozy. En attendant, un rassemblement de soutien a été annoncé pour dimanche après-midi place du Trocadéro à Paris (16e arrondissement), là-même où Nicolas Sarkozy avait tenu un meeting d’entre-deux tours avant sa défaite face à François Hollande en 2012.