Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Assises: le premier témoin à charge a été entendu

Sous couvert d’anonymat, celui qui s’est décrit comme un familier de la cité Bassens à Marseille, a raconté non pas ce qu’il avait vu du crime, mais ce que « toute la cité savait ». La défense a réagi

- G. D.

La salle d’assises du palais de justice de Draguignan a presque fait le plein hier, au quatrième jour du procès en appel du triple meurtre de Marseille le 25 décembre 2011. C’est que l’on devait y entendre le premier des quatre témoins sous X, qui ont mis en cause les trois accusés dans les meurtres de trois jeunes de la cité des Micocoulie­rs (15e arrondisse­ment). Des crimes liés, selon eux, au contrôle du trafic de stupéfiant­s dans cette cité des quartiers Nord de Marseille. Si l’intérêt a été aussi vif, c’est sans doute parce que la déposition de ce témoin protégé s’est faite dans des conditions spéciales de sécurité. Par le biais d’une visioconfé­rence techniquem­ent organisée pour garantir l’anonymat du témoin. C’était totalement inédit aux assises du Var.

Trois victimes…

Auparavant, la cour s’est intéressée aux conclusion­s médico-légales sur la mort de Sonny Albarello, son cousin Nouri Oualan et leur ami Mohamed Bouhembel. Leurs corps carbonisés avaient été extraits de leur voiture, incendiée à quelques kilomètres de la cité, dans un quartier isolé des Pennes-Mirabeau. Pour les médecins légistes, les trois victimes étaient mortes avant l’incendie de leur voiture. Sonny Albarello et Nouri Oualan avaient reçu chacun trois balles, certaines à bout touchant : une dans le thorax, une dans l’abdomen et une dans la tête. Mohamed Bouhembel avait été tué d’une balle dans le thorax.

... et sept balles

Selon le quatrième témoin sous X, que la cour entendra lundi prochain, les trois victimes avaient été tuées dans leur voiture, près du “drive-in ” de la drogue dans la cité Bassens (14e arrondisse­ment). L’un des légistes n’a pas exclu cette hypothèse. Me Eric DupondMore­tti l’a jugée impossible, dans la mesure où, deux balles ayant été retrouvées dans les corps de Sonny Albarello et Nouri Oualan, aucune des cinq autres balles tirées n’avait été retrouvée dans le véhicule. « On peut envisager que ça ne s’est pas du tout passé là où le témoin X4 le dit, et du coup, l’accusation n’a plus de dossier. » L’expert en balistique a indiqué que les deux balles de 9 mm retrouvées avaient probableme­nt été tirées par le même pistolet, mais qu’il ne pouvait être formel.

Le témoin anonyme n’avait rien vu

Déposant en visioconfé­rence depuis un endroit secret, dissimulé derrière un store à lamelles et la voix électroniq­uement déguisée, le témoin X1 a confirmé tout ce qu’il avait dit au SRPJ. « Les Laribi ont tué les petits jeunes à la demande de Sami Ati, pour le réseau des Micocoulie­rs. Ça s’est passé à Bassens, à côté du drive. Ils les ont tués dans la voiture, après ils sont montés aux Pennes et ils les ont brûlés. » Le témoin a réaffirmé que c’était Lamine Laribi qui avait tiré, mais n’était pas en mesure de préciser le rôle de son frère Mehdi Laribi au moment des tirs. Sur questions de Mes DupondMore­tti et Luc Febbraro, le

témoin a précisé qu’il n’était pas présent sur les lieux au moment des faits, mais qu’il avait rapporté à la police « une histoire vraie, que tout le monde sait dans la cité». Deuxième témoin sous X ce matin, à la reprise de l’audience.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Les précisions balistique­s ont été apportées par le médecin légiste et l’expert du laboratoir­e de police scientifiq­ue.

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