Témoins sous X aux assises : un procès à plusieurs inconnus
Dans le procès en appel du triple meurtre dans un trafic de stupéfiants à Marseille, l’audition des témoins, anonymes ou identifiés, se poursuit, pas toujours avec succès
Il y a une constante dans les affaires criminelles de règlement de compte, c’est que les témoins mettent en général bien peu d’empressement à venir déposer devant une cour d’assises. Le procès en appel à Draguignan des frères Lamine et Mehdi Laribi, ainsi que de Sami Ati, ne fait pas exception. Seul un tiers des quinze témoins convoqués jeudi et vendredi, à la barre de la cour d’assises du Var, ont déféré à leur convocation.
Les témoins ne se bousculent pas
Deux d’entre eux sont décédés de mort violente, depuis le premier procès d’Aix-en-Provence. Quatre n’ont pas été retrouvés, et la cour a délivré des mandats de recherche, voire des mandats d’arrêt quand elle disposait d’une adresse. Deux autres ne se sont pas présentés dans les tribunaux où ils avaient rendezvous pour une visioconférence. Il n’y a guère que les trois témoins qui se trouvaient en détention qui n’ont pu se soustraire à leur audition. Elles ont été brèves, ceux-ci disant ne rien savoir de l’affaire, ou en avoir perdu le souvenir.
La scène de crime
La cour a toutefois entendu dans la matinée le témoin anonyme X2, en visioconférence sécurisée. Avec quelques détails supplémentaires par rapport au témoin X1 la veille, il a donné pour l’essentiel les mêmes indications sur le mobile des meurtres de Sonny Albarello, Nouri Oualan et Mohamed Bouhembel, la nuit du 25 décembre 2011 à Marseille. À savoir la récupération du réseau de trafic de drogue de la cité des Micocouliers, « qui faisait 10 000 à 15000€ de recette par jour pour Sami Ati et ses associés ». Il a été plus précis sur les circonstances de leur mort. « Les faits ont eu lieu à la cité Bassens, à côté du réseau du drive, dans un bâtiment désaffecté que les jeunes utilisaient comme stand de tir. Un vendeur, qui ne travaillait pas pour les frères Laribi, a vu arriver Sonny et Nouri. « Il les a vus entrer dans le bâtiment avec les Laribi, et il a entendu des coups de feu. Il s’est approché et Mehdi Laribi est sorti du bâtiment. Le vendeur lui a demandé ce qui se passait, et il lui a répondu que son frère essayait de nouvelles armes. » Le témoin, dont l’anonymat est garanti par la justice, a indiqué à la demande des avocats de la défense qu’il était du quartier des Micocouliers, et qu’il connaissait tous les protagonistes de l’affaire, les accusés comme les victimes, pour avoir fréquenté les mêmes établissements scolaires. En revanche, il a dit ne pas connaître les autres témoins sous X.
Témoin X absent
À cet égard, le témoin anonyme X3, qui devait être entendu hier après-midi, ne s’est pas présenté à la visioconférence. On ne sait pas encore si le président cherchera à le faire reconvoquer la semaine prochaine. Il est prévu que l’ultime témoin anonyme X4, seul témoin oculaire, soit entendu lundi matin, à la reprise de l’audience.