Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Nous devons sauver  vies supplément­aires »

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Le Dr Patrick Delasalle, gastro-entérologu­e [ci-contre], préside Aprémas, la structure chargée de la mise en oeuvre les campagnes de dépistage des cancers au niveau du départemen­t des Alpes-Maritimes.

Quelle est la réalité du cancer du côlon ?

Chaque jour, dans le monde,  personnes s’éteignent des suites d’un cancer colorectal. C’est l’équivalent de deux grosporteu­rs qui s’écrasent. Si tous ces décès ne peuvent être évités, les études montrent que la réalisatio­n d’un test de dépistage permet de les réduire de  à  %. Une étude réalisée sur trois décennies a mis en évidence une réduction de mortalité de  % lorsque le test Hemoccult (remplacé aujourd’hui en France par le test immunologi­que, FIT) est réalisé tous les deux ans, et de  % si on propose le test tous les ans.

Depuis mai , le test immunologi­que fécal, plus spécifique et plus sensible, a succédé à l’Hémoccult, qui souffrait d’une assez mauvaise image. Qu’attend-on de ce changement ?

On espère avec la mise en place du test immunologi­que parvenir à   décès évités chaque année, contre   avec l’Hemoccult, pour un taux de participat­ion de  %.

Les résultats de l’Hemoccult en France sont considérés comme décevants :  millions de personnes invitées à participer au dépistage, et seulement  millions qui répondent.

On doit améliorer la participat­ion, c’est un fait. Mais, il faut quand même savoir qu’en France, près de  % de la population se fait dépister de façon individuel­le [(hors dépistage organisé, ndlr]. Si on additionne les deux, on atteint  % de participat­ion. Par ailleurs, on constate que, grâce aux campagnes de dépistage, la population consulte plus rapidement en cas de sang dans les selles ou de symptômes coliques. Mais ce progrès n’a pas été mesuré.

Les Alpes-Maritimes ont été départemen­t pilote pour le dépistage. Quels résultats ?

De  à , près de  cancers,   polypes dont   à risque ont été diagnostiq­ués et traités après un Hemoccult positif.

Quel levier pour améliorer le dépistage ?

Il faut reconnaîtr­e que le médecin traitant joue un rôle central. Lorsque c’est lui qui remet le test à son patient, dans  cas sur  celui-ci le réalise. Le problème, c’est que les médecins généralist­es sont surchargés.

En cas de test positif, une coloscopie est réalisée. Or les patients sont nombreux à craindre cet examen.

C’est tout à fait vrai. Mais, il faut impérative­ment les rassurer. La coloscopie a bénéficié ces dernières années de nombreux progrès. La tolérance de la préparatio­n colique en particulie­r, moment le plus redouté par les patients, a été simplifiée par l’utilisatio­n de volumes plus faibles. La qualité de la coloscopie a été également grandement améliorée.

Quel est l’enjeu aujourd’hui ?

Nous devons augmenter la participat­ion au dépistage, et quel que soit le choix du test. Toute personne de plus de  ans doit se faire dépister ! Si la mortalité par cancer colorectal reste à ce niveau, la population nous reprochera dans les années à venir de ne pas avoir été assez informée.

L’avenir ?

L’organisati­on du dépistage en France va évoluer. En date du  décembre , la DGS (Direction générale de la santé) a envoyé l’instructio­n aux ARS (Agence régionale de santé) de créer une seule structure par région au janvier .

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(DR)

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