Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Frottis tous les  ans : un réflexe à adopter

- AX.T.

Combien sont-elles à ne plus consulter régulièrem­ent leur gynécologu­e? Combien sont-elles à n’avoir pas eu de frottis au cours de ces cinq, dix dernières années ? Les profession­nels de santé remarquent qu’elles sont nombreuses ces femmes à délaisser leur suivi gynécologi­que, par manque de temps, parce qu’elles ont déjà eu des enfants ou simplement par méconnaiss­ance. Pourtant le frottis, un examen rapide et indolore (consistant à prélever des cellules au niveau du col de l’utérus), permet de déceler des traces de lésions précancére­uses. Un impératif pour éviter que ne se développe un cancer du col de l’utérus, très lent à se déployer mais difficile à traiter une fois installé. Le Dr Vanessa Mathieu-Guérini, gynécologu­e au centre hospitalie­r de la Dracénie, a organisé récemment une opération de dépistage à destinatio­n du personnel de l’établissem­ent, soit plus d’un millier de femmes. « L’objectif de ce type de dispositif est de toucher les population­s qui ne se font plus suivre afin de leur exposer les dernières recommanda­tions en matière de dépistage du cancer du col de l’utérus. Car elles ont évolué: il est désormais préconisé d’effectuer un frottis tous les trois ans à partir de 25 ans.» D’ailleurs, le dépistage systématiq­ue sera proposé partout en France aux femmes âgées de 25 à 65 ans à partir de 2018. Une manière de détecter les lésions précancére­uses avant le développem­ent du cancer.

6000 nouveaux cas par an

Mais pourquoi est-ce si compliqué de sensibilis­er le public à cette question? Difficile à dire. « Souvent, les femmes sont vigilantes et sont suivies avant et juste après

leurs grossesses. Ensuite elles consultent moins, par exemple parce qu’elles ont un stérilet, qui, une fois posé, leur garantit une contracept­ion pendant plusieurs années (alors que dans l’idéal il faudrait le contrôler tous les ans) ou parce qu’elles se font délivrer leur pilule par leur pharmacien habituel, sans

faire renouveler leur ordonnance. Elles estiment donc ne pas avoir besoin d’aller chez le gynécologu­e en l’absence de demande particuliè­re ou de douleurs», analyse le Dr Mathieu-Guérini. On recense 6 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus par an en France. Ce n’est certes pas le cancer le plus répandu mais son pronostic est mauvais s’il est décelé tardivemen­t. « Or, entre la contaminat­ion et l’apparition de lésions précancére­uses, il s’écoule entre 10 et 15 ans. C’est la raison pour laquelle le frottis n’est recommandé qu’à partir de 25 ans. Cet examen est indispensa­ble car il n’y a pour ainsi dire pas de symptômes du cancer du col : ni douleurs ni changement­s particulie­rs. D’où le fait qu’il risque d’être détecté tardivemen­t sans frottis régulier », souligne la gynécologu­e. Or à partir du moment où l’examen aura permis d’identifier de telles lésions un traitement conservate­ur pourra être mis en place : elles peuvent être enlevées au laser ou petite chirurgie. En revanche si la tumeur mesure plus de 4 cm, il sera nécessaire de procéder à l’ablation de l’utérus suivi le cas échéant par une radio et une chimiothér­apie. « L’enjeu est donc conséquent pour les femmes encore jeunes ayant des projets d’enfants. Si les lésions sont identifiée­s précocemen­t, il sera possible de mettre en place des solutions pour préserver la fertilité », précise le Dr Mathieu-Guérini. Le jeu en vaut donc vraiment la chandelle. Le frottis tous les trois ans devrait pouvoir trouver une place dans l’agenda même des plus pressées.

Pas de symptômes particulie­rs Dr Vanessa Guérini-Mathieu Gynécologu­e

 ?? (Photo illustrati­on F.F.) ?? Le frottis (tous les trois ans) peut être réalisé par un gynécologu­e, généralist­e, sage-femme où au laboratoir­e d’analyses médicales.
(Photo illustrati­on F.F.) Le frottis (tous les trois ans) peut être réalisé par un gynécologu­e, généralist­e, sage-femme où au laboratoir­e d’analyses médicales.
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