Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quand il tenait tête à l’OGC Nice

- BENOIT GUGLIELMI

On vous parle d’un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. La France, alors sous la IVe République, était présidée par Vincent Auriol puis René Coty. Les Beatles étaient encore des enfants et la France tombait tout juste sous le charme de la jeune Brigitte Bardot. La télé, en noir et blanc, ne diffusait que rarement du football. Et quand elle en montrait, c’était souvent pour narrer le duel entre les deux plus grands clubs de l’Hexagone : le Stade de Reims et l’OGC Nice. Les Champenois emmenés par leur star Raymond Kopa et les Niçois guidés par leur emblématiq­ue capitaine, le regretté Pancho Gonzales. Lorsque le jeune Raymond Kopa débarque au Stade de Reims en 1951, il a 20 ans et l’OGC Nice vient tout juste de remporter son premier titre de champion de France. La première fois qu’il foule la pelouse du Ray, nous sommes en mars 1952, et les Aiglons l’emportent 2-1. Ils prennent du même coup la tête du championna­t, et ne la lâcheront plus. Malgré l’émergence du jeune meneur de jeu, le Gym s’offre même un doublé. L’année suivante, Reims et Kopa tiennent leur revanche. Elle sera éclatante. Dès la 4e journée, les Rémois infligent un cinglant 4-0 aux Niçois sur la pelouse de Saint-Maurice. Raymond Kopa inscrit le troisième but, son tout premier face aux Rouge et Noir. Les futurs champions l’emporteron­t 3-1 au match retour et termineron­t loin devant les Aiglons, tristes 13es de D1. A l’été 1953, un jeune attaquant en provenance de Casablanca rejoint les rangs niçois. Just Fontaine restera trois ans sur la Côte d’Azur avant de rejoindre… Reims, que son compère de l’équipe de France Raymond Kopa vient de quitter pour le grand Real Madrid. Entre-temps, «Justo» inscrira une cinquantai­ne de buts sous le maillot rouge et noir et remportera le titre de champion de France 1956 (en battant deux fois Reims), après avoir vu Kopa et les siens empocher le précédent. Dès sa première saison en Espagne, le meneur de jeu des Bleus va retrouver sur sa route l’OGC Nice. Mais cette fois, la bataille est trop déséquilib­rée. Dès le match aller de ce quart de finale de Coupe des clubs champions, le Real de Di Stefano clôt le suspense en infligeant un sévère 3-0 aux Aiglons. Au retour, les Espagnols s’imposent au Ray (2-3). Kopa est titulaire les deux fois, mais reste muet. En 1959, le natif de Noeux-les-Mines s’en retourne à Reims. Il ne participer­a donc pas à l’une des plus belles pages de l’histoire européenne du Gym: le triplé de Vic Nurenberg pour la victoire 3-0 face au Real… Pendant ce temps-là, c’est le Reims de Kopa qui est de nouveau sacré champion de France. Après cet épisode glorieux (malgré l’éliminatio­n), l’OGC Nice redevient un anonyme pensionnai­re de D1. En 1964, le Gym écarte son rival en Coupe de France mais chute à l’étage inférieur. Et qui l’accompagne au purgatoire? Kopa et Reims, évidemment. Nice écrase la D2 et remonte dès la saison suivante, tandis que Reims met un an de plus à retrouver l’élite. Mais Raymond Kopa arrive en bout de course et la rivalité entre Reims et Nice n’est plus qu’un lointain souvenir. Déjà, le football français voit émerger un nouveau phénomène. Un adversaire qui deviendra, dix ans plus tard, un rival pour Nice : l’AS Saint-Etienne… BilandeRay­mondKopaco­ntrel’OGCNice:16victoire­s, 4 nuls, 8 défaites.

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Le  août  : Kopa (à gauche) et les siens battent le Gym de Vic Nurenberg -.
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