La campagne vue depuis La Londeles-Maures
À moins de deux mois du premier tour de la présidentielle, les Baldini, couple de retraités londais, se disent un peu déboussolés par la tournure actuelle de la campagne
A quelques semaines de l’élection présidentielle, nous plaçons les électeurs au coeur de la campagne. Chaque jour, un lecteur nous sert de guide dans son environnement (quartier, immeuble, association, club, entreprise, commerce… ou dans sa famille) à la rencontre de ceux qui en sont acteurs. Ils commentent la campagne, l’attitude des candidats, évoquent leurs convictions, leurs doutes, leurs attentes. Leurs coups de gueule aussi.
Le sourire facile, que n’arrive même pas à masquer sa barbe, Albert Baldini répugne néanmoins à se mettre dans une case. « On est trop vite prisonnier de l’image majoritaire du groupe », regrette-t-il. Mais bon, pour l’exercice, il consent malgré tout à appartenir à la « classe moyenne ». Et de fait, Danielle et Albert Baldini habitent un joli pavillon dans un lotissement provençal situé à la sortie de La Londe-les-Maures (Var). Dans cet univers propret, primé pour ses décorations florales, un détail trahit néanmoins le couple de retraités, pas tout à fait comme les autres donc : un mât où flotte un drapeau, chaque semaine différent selon l’humeur du moment. « C’est un peu la maison du fada », s’amuse Danielle. En ce jour de violent mistral, la Lombardie est à l’honneur. N’y voyez surtout pas un clin d’oeil à la Ligue du Nord italienne. « J’aime bien les drapeaux régionaux, et puis mon unique petite-fille s’appelle Lombardie », explique Albert. Mais puisqu’on évoque la politique, Albert s’y engouffre avec un plaisir non feint. C’est que l’homme s’y est intéressé de près pendant plusieurs années. « Je me suis un temps investi à fond dans Génération Écologie, le mouvement créé par Brice Lalonde. »
« C’est le brouillard le plus épais »
Depuis 2002, il n’a plus aucune activité. Même s’il reconnaît avoir été séduit par le Modem de François Bayrou. Plutôt de droite, Albert ? L’intéressé réfute aussitôt. Il n’aime pas être enfermé dans des cases, on vous dit. D’ailleurs, lui comme sa femme sont bien embêtés par la campagne actuelle. A moins de deux mois du 1er tour de l’élection présidentielle, ils ne savent toujours pas pour qui voter. «C’est le brouillard le plus épais » concède Danielle. « Sur le top 6, je sais seulement les 3 candidats dont je ne prendrai même pas le bulletin », renchérit Albert. Et de laisser entendre que les extrêmes ne sont pas sa tasse de thé… La faute au « Fillongate », sans doute. « C’est drôle. On est dans le vaudeville complet. Mais ce qui est grave, c’est que cette situation amuse tout le monde. »
Albert Baldini en veut d’ailleurs un peu aux médias français, qui relaient à l’envi « les événements qui font le buzz», quand lui voudrait des débats sur le fond. Sur le travail, sur les nécessaires économies que doit faire l’État, il a sa petite idée. « On pourrait faire 10 milliards d’euros d’économie sans toucher au budget des ménages », affirme-t-il sans ciller. « Mais pour cela, il faudrait réformer la classe politique, dont une grande partie des élus vit de l’argent de l’État depuis 20, 30 ou 40 ans. »