Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vies de Néoulaises au fil du temps...

Elles sont quatre femmes, quatre génération­s, à se raconter à travers leurs époques. dans des tranches de vies de Néoulaises

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Elle est assise au milieu de toutes sur le canapé. Entourée des trois femmes de sa vie, Germaine sourit pour la photo. « Je n’ai plus trop de cheveux, ça ira quand même ? » Quatre-vingt-dix ans et autant coquette qu’Élisa, sa petite fille de douze ans appuyée sur le rebord du coussin, la chevelure noire fournie bien rangée en arrière des oreilles. Elles se sont réunies toutes les quatre dans la maison familiale, les quatre femmes de la famille, pour évoquer ensembles leurs vies. Leurs souvenirs, leurs fous rires, leurs moments forts et leur présent à Néoules. Quatre génération­s, Germaine l’arrière grand-mère aux quatreving­t-dix printemps, Yvette la mamie de soixante-huit ans, Sophie la maman quadra, et Élisa la pré-ado.

« À l’époque, on n’avait pas le choix »

« Ça fait soixante-dix ans que j’habite ici, c’est notre maison à toutes », rue Jean-Jaurès, numéro six, façade aux volets vert. C’est ici qu’à vingt ans, Germaine se mettait en ménage avec son mari. « Je l’ai connu à l’école, à l’époque il n’y avait qu’une classe à Néoules, on se connaissai­t tous. » Dans le village depuis toujours, « en se renseignan­t sur notre arbre généalogiq­ue, on s’est rendu compte qu’on était à Néoules depuis tout le temps », la famille n’a jamais vraiment quitté les rues du village. aux champs. Il n’y avait pas vraiment le choix mais on ne se posait pas trop la question non plus. » Pour Yvette, la génération en dessous, même si aujourd’hui elle admet avoir eu envie quelques fois de côtoyer les bancs de l’université, « j’ai quitté l’école à dix-huit ans parce que je voulais Élisa, 12 ans.

absolument travailler et devenir indépendan­te ». Le mari lui, arrivera quelques années plus tard. Si Élisa, encore au collège, ne sait pas vraiment ce qu’elle veut faire plus tard, elle réfléchit déjà vers quel lycée s’orienter « Brignoles, Saint-Max... Ça dépend de la spécialité que je veux faire, j’ai le choix. En tout cas, pour mes études il va falloir que je parte quelque temps, c’est sûr ! » « De toute façon, aujourd’hui les femmes n’ont plus des métiers pénibles. Ce qui est bien c’est qu’elles ont le choix », lance Germaine en bout de table.

« On est beaucoup plus autonomes »

C’est ça les filles d’aujourd’hui ? Des femmes qui décident de leur avenir ? « Oui. On est beaucoup plus indépendan­tes et autonomes que ne l’étaient nos grandsmère­s », promet Sophie. En tant qu’ingénieur chimiste dans l’armée, la maman de quarante ans assure que travailler dans un milieu principale­ment masculin ne l’a jamais freiné. « Je n’ai pas eu de mal à m’intégrer, et aujourd’hui c’est commun les femmes dans l’armée. » Jamais elle aurait refusé un poste « réservé aux hommes ». « Dans mon entreprise, ma voix compte autant que celle de mes collègues. » Même constat pour Yvette, issue de la génération 68. « Quand j’avais vingt ans les femmes sortaient dans les rues pour se battre pour nos droits. » Même si depuis “son” centre Var, elle n’a pas battu le pavé, Yvette a « sûrement été portée de loin par ces révolution­s ». Après quelques années comme expert-comptable, elle devient vite responsabl­e d’un centre de vacances. Avec des hommes sous sa responsabi­lité, bien qu’elle n’ait eu aucun mal à s’imposer, il a quand même fallu « affronter quelques réticences des collègues au début. Mais de toute façon, je ne me voyais pas ne pas

Même si je partirai un moment pour faire mes études, je veux revenir vivre ici”

travailler ».

« Ma voiture ? Ma liberté ! »

Mais pour Yvette, le vrai moment de son émancipati­on c’est avant. À dix-huit ans, lorsqu’elle obtient son permis de conduire. « Je pouvais enfin sortir toute seule ! » Vingt-trois ans d’écart et pourtant Sophie sa fille, a le même sentiment. « La voiture ? Ça a été ma liberté! » Fini de demander aux parents ou grands-parents de jouer le taxi. « Toute mon adolescenc­e j’ai attendu d’avoir dixhuit ans pour enfin pouvoir avoir ma voiture, mon autonomie et aller voir les copines à Garéoult ! », s’amuse-t-elle. « Moi, conduire une voiture, je ne m’en sentais pas capable... Et puis, il n’y avait que les hommes qui les conduisaie­nt à l’époque. Et

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