e RA : le régiment le plus féminisé de France
Elles sont officiers, sous-officiers, militaires du rang ou civiles. Besoin d’un cadre strict ou pur challenge personnel, elles ont choisi de s’engager dans l’armée pour diverses raisons
Avec environ 150 femmes dans ses rangs, le 54e régiment d’artillerie est aujourd’hui le régiment le plus féminisé de l’Armée de terre en France. Elles prouvent leur valeur tous les jours et sont parfaitement intégrées au régiment. Elles démontrent la force de caractère nécessaire dans un environnement qui, même s’il a nettement évolué ces vingt dernières années, peut parfois être difficile. Aujourd’hui, être une femme dans l’armée se normalise. Le 54e régiment d’artillerie l’a parfaitement intégré et accueille les « féminines » avec bienveillance.
S’affirmer dans les premiers temps
« J’ai été très bien accueillie ici », explique le brigadier
Svanhilde, «de manière générale, les hommes ici sont gentils, certains trop parfois. Ils proposent de faire les choses à notre place. C’est à nous de profiter de l’occasion pour montrer que nous sommes capables. » Les femmes militaires s’accordent sur un point. Il faut tout de même s’affirmer dans les premiers temps, car elles sont testées . « Je me suis battue pour mériter ma place », témoigne le chef
Hinanui. « Mes camarades l’ont remarqué et du coup, ils me traitent à ma juste valeur » Pour le lieutenant Sophie, chef de section, c’est plus
délicat. «Nous devons être exemplaires. Cette consigne est bonne pour tout chef, mais en tant que femme, je pense que nous n’avons pas droit à l’erreur. Quelque part, nous sommes les représentantes de toute la gente féminine, et si nous voulons que la pensée collective continue sa progression, nous devons nous donner à 110% ». Le rapport hiérarchique reste bon. « Mon commandant d’unité ne regarde pas le genre, il faut que le travail soit bien fait, explique le lieutenant Sophie. Lorsqu’on arrive à faire oublier ce point de détail, on a tout gagné. »
Certaines mentalités sont parfois plus rudes et c’est
« tant mieux, car il faut se surpasser, et lorsque l’on reçoit des compliments de ces personnes, on les sait sincères », se satisfait le brigadier Svanhilde.
Pretes à jouer des coudes
Les femmes du 54e RA ont assimilé ce qui fait un bon soldat : le dépassement de soi, l’intégrité, la loyauté et la cohésion, peu importe la condition. Elles n’hésitent pas à se retrousser les manches. C’est une question de dosage. Il faut s’adapter, être prête à jouer des coudes s’il le faut, mais ne pas s’oublier non plus. : « On peut parfaitement ramper dans la boue en semaine, et bien s’apprêter le week-end », renchérit le brigadier Svanhilde, qui a, jusque-là, toujours fait des « métiers
d’homme », comme elle dit, mais qui reste féminine. Elles doivent cependant faire attention. «Il ne faut laisser aucune ambiguïté pour ne pas perturber le rapport professionnel», explique le lieutenant Sophie. Et puis il y a l’expérience, comme pour Annie, 37 ans
de service, responsable du point impression du régiment, qui referait toute sa
carrière sans hésiter. «Ce qui est intéressant, c’est que les hommes et les femmes n’ont pas forcément la même vision, et cela peut devenir complémentaire si on prend le temps de dialoguer » Le dialogue est important :
« Il vaut mieux commander
avec finesse. L’autorité, de manière générale, est plus acceptée lorsqu’elle est comprise », relate le lieutenant
Sophie. « C’est plus avéré dans mon cas. J’ai toute une section sous mes ordres.»
Il y a encore des efforts à fournir, c’est sûr. Mais la mentalité évolue. Les femmes du 54 sont acceptées car elles font le même métier, et le font aussi bien. C’est parfois plus dur, mais ce n’est pas le plus important. Comme le dit le brigadier Svanhilde : « Le vrai sacrifice, c’est partir en mission pendant de longs mois loin de sa famille ». Et ce sacrifice est le même, que l’on soit un homme ou une femme...