Sanglant trafic
Le rhinocéros tué dans un zoo pour sa corne est l’une des nombreuses facettes du trafic animalier contre lequel lutte la police de l’environnement du Var (comme ici, lors d’une importante saisie d’objets en ivoire à Rocbaron).
En matière de trafics, il y a les stupéfiants et les armes qui brassent des millions. Beaucoup moins tapageur et pourtant en croissance exponentielle, celui concernant la faune sauvage arrive bon troisième sur le podium. Le contrecarrer, telle est la mission de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage). Basée à Draguignan, cette police de l’environnement au travail trop méconnu en voit de toutes les couleurs de plumages et pelages.
Serval de chambre
« Il y a deux ans, nous sommes intervenus pour un serval dans la chambre d’une gamine. Il était gardé dans une cage mais s’était échappé… Il y a eu aussi des bébés lionceau et tigre saisis sur une plage… », énumère le chef du service, Daniel Mathieu jamais à cours de surprises. Comme celle des pingouins jetés dans une piscine durant une soirée l’été dernier, ces affaires se sont déroulées dans la presqu’île de Saint-Tropez où, pour se « divertir», l’on n’en est pas à une excentricité près. Faute d’autorisations préfectorales pour les détenir, les animaux sont saisis et remis à des établissements capacitaires, le plus souvent des zoos, en mesure de les recueillir. « Hier encore, deux perquisitions nous ont permis de mettre la main sur treize tortues d’Hermann et une centaine de passereaux…», révèlent ces inspecteurs qui dépendent du ministère de l’Environnement. Mais avec un effectif de quatorze fonctionnaires, difficile de courir après tous les revendeurs de perroquets qui usinent des certificats falsifiés ou le petit malin qui demande 15€ pour poser avec son boa « sans permis » sur un marché… Concernant les autorisations de détentions, cirques, animaleries, zoos ou élevages divers et variés sont en tête du palmarès des vérifications de l’ONCFS.
Le scandale du rhinocéros abattu
« Notre préoccupation majeure demeure le trafic. C’est un vrai business qui puise souvent ses racines dans des pays étrangers qui ont besoin de cette économie parallèle pour survivre… Dans le Var, nous traitons ensuite les conséquences du mal », constate Eric Roux, référent régional CITES (1). Une économie lucrative qui touche le vivant mais aussi tous les « produits dérivés ». Du bout de corail à la tête de croco naturalisée en passant par la mâchoire de requin décorative, le bracelet en poils d’éléphant ou la corne de rhinocéros aux «vertus médicinales» qui a débouché sur le meurtre insensé d’un pensionnaire du zoo de Thoiry cette semaine… En renfort, pour tout ce qui touche à la revente, une cellule de cyber-police parisienne est à l’affût sur le Net, plateforme d’énormes débouchés dans cette jungle sauvage qu’est le trafic animalier. 1- Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction