« La Cadière va être défigurée par des constructions que veut nous imposer la loi »
Jacques Gros, président du Comité d’intérêt de quartier Le Defends
« Au nom d’une grande partie des habitants de La Cadière », Jacques Gros, président du CIQ Le Défends, se place en première ligne contre la loi SRU et le futur Plan local d’urbanisme du village. Il craint que les 25 % de logements sociaux imposés à horizon 2025 ne bouleversent la vie des Cadiérens. Aujourd’hui, il pousse un coup de gueule dans nos colonnes, qui se veut toutefois, clame-t-il, « une démarche apolitique ».
On vous sent particulièrement remonté…
Je le suis. Si nous ne faisons rien, notre village perché va être défiguré par des constructions abusives que veulent nous imposer la loi SRU et la loi Duflot (1). La législation, telle que gravée dans le marbre, devrait tenir compte de notre environnement remarquable, du patrimoine bâti, des espaces boisés naturels et ruraux, ceux voués à l’agriculture et à la viticulture. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Quel est le risque encouru par le village d’après vous ?
Si le maire choisit de respecter la loi, il faudra construire 452 logements sociaux supplémentaires avant 2025. C’est énorme ! À ce jour, nous en possédons 143, pour 2 382 résidences principales. En plus, ces logements sociaux ne génèrent aucun impôt, ou très peu, pour la commune, qui participe même indirectement à leur financement.
Bref, d’après vous, ça va coûter plus que ça ne va rapporter…
Bien plus, même. Aucun accès routier à La Cadière n’est conforme à une circulation importante (la D266, le chemin du Pey-Neuf, le chemin de la Clare), aucun poids lourd ne peut accéder à notre village, les conduites d’égouts et d’eau sont trop petites, il faudrait construire de nouvelles écoles, du stationnement, etc. Tout cela va faire tripler nos impôts… ou endetter la commune sur plusieurs décennies.
D’un autre côté, ça coûte aussi très cher à la Ville de ne pas respecter la loi…
Réduire le nombre de logements sociaux provoquerait le paiement de pénalités importantes, jusqu’à 300 000 euros. J’ai fait le calcul : ce serait environ 80 euros d’impôt supplémentaire par foyer fiscalisé. Mais, d’un autre côté, jamais la commune ne pourra atteindre le total des 600 logements sociaux exigés d’ici 8 ans. Donc, avons-nous le choix ?
Vous posez la question, mais vous devez avoir une petite idée de la réponse…
Je dis juste que bientôt, ce sont les élections… Il faut que nous nous mobilisions pour contraindre nos dirigeants, ministres, députés, sénateurs, élus départementaux et régionaux à changer cette loi absurde. D’après moi, la municipalité devrait s’orienter vers une action en justice, saisir le conseil d’État.
Pourquoi ce coup de gueule maintenant ?
Déjà, ce n’est pas le premier ! Depuis plusieurs années, nous nous battons contre ce projet. Mais là, début mars, le conseil municipal va s’exprimer sur le projet du Plan local d’urbanisme. Or, ce PLU ne tient pas compte des avis des Cadiérens, notamment sur cette question du logement social. Ce PLU ne tient pas compte non plus des articles de la loi SRU, qui évoquent les équilibres à respecter entre les espaces naturels et l’habitat. J’appelle donc les conseillers municipaux à réfléchir avant de valider ce projet, dont ils subiront eux aussi les conséquences.
N’êtes-vous pas un peu trop alarmiste ?
Croyez-vous que l’on puisse encore se permettre de construire des immeubles comme celui qui vient de se terminer face au monument aux morts ? Non ! Pourtant, par endroits, le PLU autorise des constructions de 3 étages, à une hauteur de plus de 12 mètres, des verrues qu’il faut absolument proscrire pour ne pas détruire notre beau village !
1. La loi SRU (Solidarité et de renouvellement urbain), votée en 2000, impose un quota de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants. La loi Duflot, votée en décembre 2012, relève ce taux obligatoire de logements sociaux de 20 % à 25 % d’ici 2025.
Contact : ciq.ledefends.83@sfr.fr