Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Assises à Draguignan : derniers témoins du triple meurtre des cités marseillai­ses

- G. D.

Devant la cour d’assises du Var, qui juge en appel un triple meurtre commis à Marseille le 25 décembre 2011, sur fond de guerre des cités pour le trafic de stupéfiant­s, on a entendu hier de longues lectures.

La deuxième vague de témoins sous X

Il fallait bien livrer aux jurés le contenu des déclaratio­ns des deux témoins sous X qui avaient refusé de déposer en visioconfé­rence. Comme les deux premiers, ils avaient mis en cause les frères Lamine et Mehdi Laribi, dans la mort de Sonny Albarello, Nouri Oualan et Mohamed Bouhembel, suivie de l’incinérati­on de leurs corps dans l’incendie de leur voiture. Ils avaient aussi désigné Sami Ati comme commandita­ire de ce crime, qui voulait se venger après avoir échangé des coups de feu avec Sonny trois mois auparavant, et qui voulait récupérer la direction du trafic au sein de la cité des Micocoulie­rs. Le témoin X3 s’était manifesté six mois après les faits, quand les frères Laribi avaient été arrêtés. Il avait indiqué aux policiers avoir entendu des coups de feu à la cité Bassens. Il n’avait rien vu, mais avait entendu deux jeunes discuter, l’un disant à l’autre que Lamine Laribi était en train d’essayer une arme. Ce qui rejoignait la déposition du témoin X2, qui avait décrit la même scène, en précisant que l’un des deux jeunes était Mehdi Laribi. Il avait ajouté que les faits s’étaient produits juste après que les victimes ont donné 60000€ à Lamine, pour une transactio­n de stupéfiant­s. Le témoin X4, entendu trois mois plus tard, avait dit avoir vu arriver l’Audi des victimes vers 21 h 30 à la cité Bassens. Il avait entendu une dizaine de coups de feu, mais n’avait pas vu d’arme aux mains des trois ou quatre personnes qui étaient près de cette voiture. Selon lui, quelques minutes après, Lamine avait pris le volant de l’Audi, à l’arrière de laquelle il avait vu des corps allongés. L’Audi était partie, suivie par Mehdi dans une seconde voiture. Avant de clore les débats, le président Guyon a donné une dernière fois la parole aux accusés.

Lamine Laribi : la piste d’un proche

Pour Lamine Laribi, qui a répété qu’il était innocent de ces faits, les enquêteurs auraient dû chercher des coupables du côté des proches des victimes. Certains auraient pu vouloir s’approprier les 60000€ dont il était question, et se dédouaner en prétendant que les victimes avaient un rendez-vous à Brassens. Son frère Mehdi a de son côté soulevé des contradict­ions dans les témoignage­s, et surtout déploré qu’il n’ait jamais été dit dans la procédure quel rôle on lui prêtait exactement, pour l’accuser de ce triple meurtre. Quant à Sami Ati, niant avoir jamais été à la tête d’un trafic de stupéfiant­s aux Micocoulie­rs, il ne comprenait pas pourquoi il était mis en cause dans une affaire où il n’avait rien à voir. Le président a indiqué qu’il poserait à la cour et aux jurés la question spéciale de la préméditat­ion, « les faits en eux-mêmes pouvant difficilem­ent être qualifiés d’autre chose que d’assassinat». Puis la parole a été donnée aux avocats des parties civiles, qui continuero­nt à plaider ce matin.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) La parole a été donnée aux avocats des parties civiles, Mes Eric Scalabrin, Christian Méjean et Lionel Ferlaud.

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