Port du Moure rouge, Fillon reste le bon filon
François Ragiot, de l’Association de défense des usagers du port du Moure Rouge et ses amis marins, boulistes, retraités, commentent sans tabous la campagne. Ça tire et ça pointe !
Aquelques semaines de l’élection présidentielle, nous plaçons les électeurs au coeur de la campagne. Chaque jour, un lecteur nous sert de guide dans son environnement (quartier, immeuble, association, club, entreprise, commerce) à la rencontre de ceux qui en sont acteurs. Ils commentent la campagne présidentielle, l’attitude des candidats, évoquent leurs convictions, leurs doutes, leurs attentes. Leurs coups de gueule aussi. Aujourd’hui, tour d’opinions sur le port du Moure Rouge de Cannes...
Entre les pointus, le clapotis s’invite dans le bleu et le blanc. Les coups de gueule aussi. Entre deux truculentes parties de pétanque. Au bout du boulevard Gazagnaire, le port du Moure Rouge a conservé sa beauté azur de carte postale, son authenticité, mais aussi le franc-parler de ses hommes de mer. Loin de la Croisette. François Ragiot, 67 ans, vice-président de l’Association de défense des usagers du plus petit port de Cannes, nous présente son cercle. Marins, boulistes, retraités. La gouaille du Sud bien ancrée à droite. Tous derrière leur maire, David
Lisnard, applaudi pour son indéfectible soutien au candidat LR dans la tempête. Alors, Robert, 65 ans, garde le cap. Qu’importe si ça tangue. « Monsieur Fillon est un homme de grande valeur qui doit gêner beaucoup de monde à droite... Moi, je pense qu’un nouveau parti va se créer ! »
« Fillon n’a tué personne ! »
Dominique, 70 ans, relativise l’affaire : « Fillon n’a tué personne ! C’est peanuts par rapport aux enjeux. Ce qui m’inquiète, c’est le fond de la campagne, obscurci par les affaires. » Originaire du Touquet,
ce modéré connaît bien Macron. « Il est intelligent, il fonce trop vite. Mais il serait aussi valable que Fillon ! » Pour autant, le cas Macron est balayé d’un jet de cochonnet. « Blanc-bec » pour l’un. « Arriviste » pour un autre. « Les pieds-noirs du port n’ont pas apprécié sa sortie sur la colonisation française qualifiée de “crime contre l’humanité” », souffle
François Ragiot. Certains, comme Victor, qui gratte la guitare à ses heures pour ses copains, pestent à propos des petites retraites. « Ma mère touche 520 € par mois. Si elle ne nous avait pas... » « Et moi, 720 € après 40 ans de boulot ! », lâche, écoeuré, Alex, grand gaillard grisonnant. Pour lui et quelques autres, le vote Le Pen s’assume pleinement. « Les gouvernements sont insensibles. On est tenté par le FN, on n’a pas essayé. On ne risque rien !», lance Michel, ancien électricien. À l’instar de François Ragiot qui repousse l’extrême droite, Robert secoue la tête : « Le retour au franc, la sortie de l’Europe, ce ne serait pas bon pour la France ». Nul doute, le feuilleton judiciaire qui plane sur cette campagne achève de décrédibiliser le politique. De tout cela, Marie-Jeanne, 74 ans, semble un peu lasse. Tacle « les médias qui en font trop ». Et s’interroge sur sa propre mobilisation. « C’est la première fois que je me demande si je vais aller voter... » Le plus important semble vraiment ailleurs : « Tu la tires ou tu la pointes, cette boule? »
Le FN, on n’a pas essayé, on ne risque rien ! ”