Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La fiction selon Isabelle Huppert

Téléfilm Arte enrichit sa collection Théâtre avec Les Fausses Confidence­s, portée par l’actrice récemment césarisée

- PROPOS RECUEILLIS PAR JULIA BAUDIN

Acclamée pour son interpréta­tion dans Elle, de Paul Verhoeven, Isabelle Huppert revient sur le petit écran dans Les Fausses Confidence­s, de Marivaux, une fiction singulière adaptée par Luc Bondy de sa propre mise en scène. Un opus de la collection Théâtre d’Arte. Comment naît un projet comme celuilà ? Cela faisait un moment que Luc Bondy et moi cherchions à travailler ensemble. Tchekhov, Shakespear­e, O’Neill… et enfin Marivaux, que j’avais déjà joué une fois au cinéma dans La Fausse Suivante, de Benoît Jacquot, mais jamais sur une scène de théâtre, qui plus est celle de l’Odéon. On l’imagine, encore moins pour la télévision… L’idée d’en faire une fiction est venue deux ans après le début des répétition­s. D’emblée, j’ai su qu’il s’agirait d’un objet totalement inhabituel. Nous tournions dans la journée, dans les plus petits recoins du théâtre, et le soir nous étions sur scène, pour les représenta­tions… Ce n’est donc pas une captation. Mais ce n’est pas non plus une fiction. C’est un objet insituable, rare, unique. C’est aussi un objet télé, où l’on vous voit très peu, voire pas du tout. Cela vous atil

dérangée ? Je n’ai à aucun moment eu l’impression de faire un film pour la télévision. C’est une oeuvre fabriquée par un metteur en scène immense ; un chef opérateur, Luciano Tovoli, collaborat­eur d’Antonioni, immense ; une créatrice de costumes, magicienne, et des

comédiens, de Louis Garrel à Bulle Ogier, magnifique­s. C’est un film de cinéma, qui trouve sa place sur Arte comme dans les salles. Il est d’ailleurs exploité dans plusieurs pays. Quant à votre rareté sur le petit écran ? J’ai fait beaucoup de télévision autrefois. Si l’on m’y voit si peu aujourd’hui, c’est principale­ment pour des questions d’agenda, et parce que l’on ne me propose rien, vraiment. Beaucoup d’acteurs de cinéma font de la télé, se tournent vers les séries. Pourquoi pas ? C’est un autre champ d’exploratio­n, un autre rythme, une narration différente. Je ne suis pas réfractair­e. Pas du tout… Avezvous le temps d’y jeter un oeil, parfois ? Je n’ai pas l’habitude. Je n’ai pas le temps. Je ne connais aucune des séries dont parle le monde entier, à part « Downton Abbey », que j’ai un peu regardée ici ou là. Le soir, je suis sur les planches, je dîne, je tourne, je lis, j’assiste à des cérémonies…

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Isabelle Huppert : « Ce n’est pas une captation. Mais ce n’est pas non plus une fiction. C’est un objet insituable ».

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