Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le chiffre

Préventive et erreurs judiciaire­s

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Comme le relate le journalist­e d’investigat­ion Matthieu Delahousse (L’Obs), spécialist­e des questions judiciaire­s, sur les 68 000 détenus, un quart est en détention provisoire. « Tous les vecteurs démontrent que l’incarcérat­ion préventive est en augmentati­on. » Une « préventive » pourtant supposée être une exception encadrée par certaines conditions : préserver des preuves, empêcher une pression sur les témoins ou une concertati­on avec des complices, protéger le mis en examen, garantir un maintien à dispositio­n de la justice, éviter le renouvelle­ment de l’infraction. « La détention préventive est devenue une habitude judiciaire. De quelques semaines, elle se prolonge. Les avocats sont impuissant­s. » Incarcérer à titre préventif des présumés innocents aboutit également à des erreurs judiciaire­s en fin de parcours. « Chaque année, environ cinq cents personnes purgent une peine de détention provisoire injustifié­e. Ce sont les personnes qui bénéficien­t d’un non-lieu, d’un acquitteme­nt, d’une relaxe. Des gens qui nous ressemblen­t. » Il cite le cas de l’homonyme d’un pédophile recherché et incarcéré quatre mois par erreur. « La prison peut tomber de manière violente sur des vies. Pour certains, ce choc carcéral est une mort sociale. » Et d’évoquer l’indemnisat­ion de ces personnes injustemen­t incarcérée­s.

28%

C’est le taux de personnes placées en détention provisoire en France. Autrement dit, un quart de la population carcérale concerne des individus pas condamnés et présumés innocents.

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