Donald Trump rencontre Angela Merkel demain
La puissante mais prudente chancelière Angela Merkel face au bouillonnant Donald Trump: ces deux dirigeants que presque tout oppose se retrouvent demain à Washington pour un premier face-à-face, sur fond de tensions transatlantiques. Le gouvernement allemand est resté vague quant aux thèmes des discussions: «Il s’agira d’un échange sur divers thèmes bilatéraux et internationaux et sur l’alliance transatlantique.» Mme Merkel, qui était très proche de Barack Obama, a également refusé de s’avancer sur le contenu de l’entretien. Elle a néanmoins admis aller aussi à Washington en tant que représente de l’Union européenne, que Donald Trump a par le passé dénigré, souhaitant même que le Brexit fasse des émules. La rencontre est d’autant plus attendue que l’Europe se demande toujours si Donald Trump compte s’en tenir au message rassurant porté en février par le viceprésident Mike Pence sur le caractère inébranlable de la relation transatlantique. De son côté, la Maison-Blanche n’a guère fait davantage la lumière sur ces entretiens, un responsable indiquant qu’ils seraient «cordiaux» et se « focaliseront sur les domaines dans lesquels on peut coopérer». Le président devrait insister une fois de plus sur la nécessité d’une hausse des dépenses militaires de ses partenaires au sein de l’Otan. Le milliardaire veut aussi sonder la chancelière sur son « expérience » avec le président russe Vladimir Poutine, alors que les intentions américaines vis-à-vis de Moscou restent floues.
Opposés sur le fond et dans la forme
Jusqu’ici, les contacts entre Trump et Merkel ont été très limités: un coup de téléphone très protocolaire peu après l’investiture du milliardaire. Le contraste entre les deux n’en est que plus saisissant. Dans la forme, là où Donald Trump se lance dans des tirades improvisées et controversées sur Twitter, la chancelière allemande reste sur la réserve jusqu’à l’ennui, en usant d’éléments de langages toujours très calibrés. Sur le fond, elle est une atlantiste libre-échangiste convaincue, quand lui prône «L’Amérique d’abord» avec de forts accents protectionnistes. Juste avant sa prise de fonction, M. Trump avait aussi lancé une violente charge contre Mme Merkel et son «erreur catastrophique» de 2015 d’ouvrir son pays à des centaines de milliers de réfugiés. Il a aussi accusé Berlin d’avoir transformé l’Union européenne en « instrument pour l’Allemagne ». Et fin janvier, l’un de ses proches, Peter Navarro a estimé que Berlin «exploite le reste» de ses partenaires en garantissant son excédent commercial record par un euro «largement sous-évalué ».