Var-Matin (La Seyne / Sanary)

ET DERNIÈRE ÉTAPE, NICE-NICE) Un si cruel scénario Il a manqué deux secondes à Alberto Contador pour renverser la course hier. L’Espagnol échoue d’un rien, comme l’an passé, après avoir dynamité l’étape à 50 km de l’arrivée

- David de la Cruz (vainqueur d’étape à Nice) : Textes : Romain Laronche Photos : Franck Fernandes

Si il y avait une catégorie “vainqueur moral”, Alberto Contador compterait deux victoires sur les deux dernières éditions de Paris-Nice. Comme l’an passé, où il avait échoué pour quatre secondes derrière Gerraint Thomas, l’Espagnol a manqué d’un rien de renverser Sergio Henao. Pour deux petites secondes, la maison Sky s’offre ainsi un cinquième succès sur Paris-Nice en six ans, avec quatre coureurs différents (Wiggins, Porte, Thomas et donc Henao). Troisième hier matin, à 31 secondes du Colombien, le double vainqueur du Tour savait pertinemme­nt que ses chances de victoire n’étaient pas énormes. Avec seulement 115,5 km, cette ultime étape offrait toutefois assez de terrain pour un champion de la trempe et du panache du “Pistolero” pour faire vaciller ses rivaux. Pour y parvenir, le Madrilène a tenté sa chance de loin. De très loin même, dans la côte de Peille, à 50 km de la ligne d’arrivée déplacée de quelques centaines de mètres, sur le quai des EtatsUnis. Malheureus­ement, il a manqué un peu de forces dans le final pour celui qui compte désormais quatre podiums (deux victoires, deux 2e place), battu dans le sprint final par David de la Cruz, qui lui chipait quatre secondes de bonificati­ons dans l’histoire, ce qui lui coûte le gain de la course.

« Je préfère prendre des risques que d’attendre »

« C’est encore manqué de peu (le plus faible écart de l’histoire de la course), glissait le coureur de 34 ans. C’est vraiment dommage, j’ai attaqué de loin, c’était long pour rejoindre l’arrivée. Je suis très fier et chanceux d’avoir été l’un des protagonis­tes de la course. Je n’ai pas pu gagner, mais j’ai pris du plaisir et les sensations sont bonnes. Je préfère prendre des risques pour jouer la victoire, que de rester dans les roues et attendre ». Le leader de Trek vit peutêtre sa dernière saison dans les pelotons. A le voir sur le vélo, il n’a aucunement l’air d’un pré-retraité, tant il conserve l’art et la manière de magnifier chaque course sur laquelle il s’aligne. S’il est un perdant magnifique, c’est aussi parce que Sergio Henao a tenu bon jusqu’au bout. Le Colombien, qui prenait les rênes de la maison Sky pour la première fois sur une grande course, après le forfait de Wouter Poels (souffrant du genou) initialeme­nt prévu, a tenu bon sur huit jours. Sur tous les terrains. Le champion de Colombie a résisté dans la montagne, conservé ses précieuses secondes acquises dès le premier jour de course, dans les bordures, où il avait pris 55 secondes à Contador. A 29 ans, il s’offre le plus grand succès de sa carrière. « Je suis heureux, récompensé de mes efforts après avoir connu des moments très difficiles (il s’était brisé le genou sur une chute au Tour de Suisse en 2014) , aujourd’hui le soleil est sorti ». S’il s’est imposé, c’est aussi parce qu’il a fait preuve de calme et de maîtrise, lorsque la situation semblait désespérée, au sommet du col d’Eze, où il pointait à près d’une minute de Contador. « Dans le cyclisme, on n’est ja- mais sûr du scénario, c’est ce qui fait la beauté de ce sport. Mais j’étais là l’an passé pour aider Gerraint (Thomas) ,je savais que la descente était encore longue et le schéma était assez simple. Il fallait que je fasse un contre-la-montre pour revenir ». Ce qu’il fit à la perfection, bien aidé par l’équipe Bahrain qui visait, elle, la victoire d’étape. Qu’importe la manière, Henao inscrit son nom au palmarès et ressort le moral gonflé, lui qui redeviendr­a un gregario de luxe pour Chris Froome en juillet.

 ??  ?? Pour deux secondes, Sergio Henao a sauvé son maillot jaune. Alberto Contador finit à la place pour la deuxième année consécutiv­e.
Pour deux secondes, Sergio Henao a sauvé son maillot jaune. Alberto Contador finit à la place pour la deuxième année consécutiv­e.

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