Séduire hors saison
« Bras armé » de la famille Ricard sur les îles de Bendor et des Embiez, Frédéric Vincent nous explique comment il compte améliorer encore l’image de marque de ces deux sites exceptionnels
Si les Embiez et Bendor affichent complet durant l’été, la direction cherche à augmenter l’attractivité durant les périodes de plus faible fréquentation.
Allez regarder les étoiles sur la côte verte, l’été... ”
Depuis deux ans et demi, Frédéric Vincent préside et dirige la Société d’aménagement hôtelière de Bendor (SAHB). Cette filiale de la société Paul Ricard est chargée, comme son nom l’indique, de l’exploitation de l’île de Bendor (Bandol), mais aussi de celle des Embiez (Six-Fours). C’est donc lui, Frédéric Vincent, 49 ans, qui accompagne et met en oeuvre les choix stratégiques de la famille Ricard, notamment ceux qui ont visé, ces dernières années, à rééquilibrer un peu la répartition entre clientèle business et clientèle de loisir. Il nous explique les enjeux qui entourent un site au charme sauvage, « plus axé sports et nature » (Les Embiez), et un autre, davantage construit, «plus tourné vers la culture et le temps libre» (Bendor).
Comment s’est passée la journée de recrutement des saisonniers, le mardi mars ?
Très bien. On a accueilli entre et candidats venus sur l’île pour postuler à quelque postes de saisonniers sur Bendor et les Embiez. Tous n’ont pas encore été pourvus : ce n’est pas de plus en plus simple de recruter dans l’hôtellerie-restauration. Ce sont des métiers où il ne faut pas avoir peur de travailler et qui n’ont pas forcément bonne presse auprès des jeunes. Là, ils vont néanmoins travailler dans deux endroits de rêve.
Justement, combien êtes-vous à travailler sur les deux îles ?
À la SAHB, nous comptons emplois en CDI sur les deux îles contre une dizaine en , quand je suis arrivé. Mais au total, l’été, on est plus de salariés.
Peut-on dire qu’avec cette journée de recrutement, la saison est lancée sur les îles Paul-Ricard ?
Elle l’est : nous avons accueilli deux séminaires d’entreprise cette semaine aux Embiez, dont un « gros » de personnes. Mais il faudra encore attendre le - avril pour l’accueil des touristes. Même si, rappelons-le, l’île est ouverte au public toute l’année.
Justement, comment se positionnent les îles entre tourisme individuel et tourisme d’affaire ? Les deux sont primordiaux pour nous. Aujourd’hui, on est d’ailleurs environ sur du -. Les séminaires et les conventions sont devenus une grosse partie de notre activité hors juillet et août. Nous traitons dossiers d’entreprises à l’année sur les deux îles.
D’une manière générale, comment évolue la fréquentation touristique aux Embiez ?
C’est difficile à dire… tout simplement car nous ne comptons pas. On sait qu’en juillet-août, ces dernières années, il y a environ personnes par jour. Un autre chiffre : le bateau effectue voyages par an avec le continent. Quant à une évolution sur la durée, la fréquentation est plutôt en hausse, car davantage étalée dans le temps. Nous avons sans doute un peu moins de tourisme individuel, mais plus de tourisme d’entreprise. Il faut savoir qu’on travaille désormais neuf mois, ou presque, en hôtellerie.
L’objectif est-il de faire encore plus ?
Plutôt d’optimiser. On a un peu de marge de manoeuvre, mais ça n’aurait pas de sens non plus de vouloir remplir davantage une bouteille qui serait déjà pleine… comme c’est le cas les deux mois d’été. En revanche, travailler sur les périodes de plus faible fréquentation, augmenter l’attractivité des îles, donc la durée de la saison, c’est un objectif. C’est ma mission.
Et que faitesvous pour parvenir à ces objectifs, donc ?
L’hiver, on marche très clairement avec le marché d’entreprise. Dans cette optique, nous développons par exemple l’infrastructure de salles de réunion. Nous avons aussi créé un spa avec piscine intérieure chauffée, qui plaît à nos deux types de clientèle. Nous tâchons d’optimiser l’offre de loisirs pour rendre l’île plus attractive. On vient de rénover les tennis par exemple.
Y a-t-il de gros projets en cours ?
Il y a toujours des projets en cours. Sur Bendor, il y a énormément de réflexion sur la rénovation de l’île. Et de gros changements à venir, oui. Mais rien d’abouti ni que je puisse vous révéler à ce jour !
En chemin vers votre bureau, nous avons vu beaucoup de travaux. L’île des Embiez se refait-elle aussi une beauté ?
On peut dire ça, même si ces grands travaux ont commencé il y a ou ans et qu’une grosse partie de l’offre touristique a déjà subi une rénovation profonde. C’est la continuité. On refait la place du village, les façades, l’éclairage, la voirie, la signalétique, les réseaux… L’an dernier, on a installé la fibre optique. Sans compter que l’offre hôtelière de l’île nécessite un entretien permanent. Tout cela était nécessaire même si ça coûte plusieurs dizaines de millions d’euros. Et à Bendor, pour le moment, c’est au port qu’il y a un chantier de réfection.
On imagine que les Embiez misent aussi sur leur potentiel naturel…
Tout à fait. La première des activités ici, ça reste la balade, la découverte, la tranquillité… À nous de faire en sorte de préserver ce charme. Mais on a aussi une base nautique qui marche bien, la partie plaisance, l’institut océanographique… L’été, l’accent est aussi mis sur les animations, les expositions, concerts, diffusions de films en nocturne et plein air, un petit marché, etc.
Parmi les pistes pour développer l’attractivité des îles, étudiezvous le marché de la croisière ou la possibilité d’un casino, par exemple ?
Ni l’un, ni l’autre. D’après moi, la croisière, ce sont plus des visiteurs qu’une clientèle à proprement parler. Et quand personnes débarquent, il faut surtout savoir gérer la somme de leurs déchets… Et puis ce n’est pas notre vocation, comme ce n’est pas la vocation d’une île d’avoir un casino d’après moi. Je crois d’ailleurs qu’il y en a déjà assez sur le secteur !
Et quid de l’intérêt d’avoir un restaurant étoilé ?
Même s’il n’est pas étoilé, nous avons le restaurant gastronomique Le Garlaban, qui est de grande qualité. Après, ce n’est pas simple d’être étoilé quand on a une activité fortement saisonnière. Si un jour on est « reçu », tant mieux mais nous n’investirons pas dans la course aux étoiles. D’autant qu’une des spécificités des Embiez, c’est de proposer une offre très large, et non pas spécifiquement luxe.
Vous êtes grand public, en quelque sorte ?
Notre volonté est de proposer une offre très plurielle en hébergement et restauration. C’est une spécificité des Embiez. Ailleurs, on retrouve des destinations très segmentées. Ici nous avons des publics qui se mélangent dans une atmosphère très sympathique. Il n’est pas rare de voir une Bentley à côté d’une Clio sur notre parking. C’est le charme de l’île.
Vous parlez encore de charme, l’île n’en manque pas…
Clairement, notre atout majeur, c’est le cadre, cet endroit préservé, sans circulation ni publicité pour agresser l’oeil. D’ailleurs, d’après moi, l’activité immanquable aux Embiez, c’est d’aller regarder les étoiles sur la côte verte de l’île, une nuit d’été. Il n’y a aucune lumière qui pollue. C’est tout bonnement extraordinaire.