Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ils débarquent

Las de dénoncer depuis quatre ans des dégradatio­ns, et la présence d’individus alcoolisés à bord du bateau, le capitaine du Okko est décidé à quitter le port de Toulon pour s’amarrer à La Seyne ou Saint-Mandrier

- Dossier : CATHERINE PONTONE cpontone@nicematin.fr

Les propriétai­res de yachts, qui dénoncent l’insécurité du port de Toulon, sont de plus en plus séduits par les équipement­s de La Seyne et Saint-Mandrier.

Il y a un peu plus d’un an, le capitaine du Okko, un yacht de 45 mètres amarré au carré du port (quai d’honneur), dénonçait, avec trois autres capitaines, des dégradatio­ns récurrente­s depuis trois ans, des incivilité­s et des intrusions répétées d’individus alcoolisés, voire agressifs, à bord de leurs bateaux. Las de « ne voir aucune améliorati­on dans la prise en compte de la sécurité de l’accès au yacht par de simples aménagemen­ts », le capitaine du Okko adécidé de mettre sa menace de quitter le port de Toulon à exécution : « J’ai pris la décision de ne pas passer l’hiver prochain au port de Toulon », lâche-t-il. Bien connue des Toulonnais, cette unité, battant pavillon des îles Caïman, amarrée d’octobre à avril, ne fera donc plus son escale technique dans la vieille darse.

Pas de gaîté de coeur

Cette décision intervient moins d’un mois après le départ d’un autre yacht de plus de 24 mètres. Amarré au quai d’honneur depuis septembre dernier, celui-ci a décidé d’écourter de quatre mois son séjour toulonnais pour mettre le cap sur Cannes. Et ce, « pour les mêmes problèmes de sécurité et d’incivisme », précise le capitaine du Okko. La décision de quitter le carré du port, après y avoir séjourné quatre hivers durant avec un équipage de neuf personnes, n’a pas été facile à prendre. Le capitaine du Okko ne le nie pas : le port de Toulon a de sérieux atouts pour ces palaces venus, avec leurs équipages, se refaire une santé : provision, avitaillem­ent ou hivernage. Avant d’aller naviguer, durant l’été, sur les mers du monde.

Deux cent mille euros de dépenses

Pourtant, l’image s’est quelque peu écornée, ces quatre dernières années, dans le cercle très fermé des capitaines de ces palaces flottants. Cet hiver, ils n’étaient plus que deux capitaines à « résister ». « Nous sommes tout le temps sur nos gardes. »Les actes d’incivisme répétés imposent « d’être sur le quivive en permanence et d’appliquer des consignes strictes et contraigna­ntes de sécurité : coupure de l’électricit­é ou salle des machines fermée à clef… Cela nous gêne dans les conditions de sécurité appliquées en cas d’incident grave », assure le capitaine du Okko. Il ne l’ignore pas : sa décision est lourde en pertes économique­s pour le port de Toulon. Le Okko consacre en moyenne une enveloppe de 200 000 euros en période d’hivernage (maintenanc­e, réparation­s, redevance comprise). La Chambre de commerce et d’industrie, gestionnai­re du port de Toulon, estime « la perte à hauteur de 0,5 % du chiffre d’affaires de l’activité plaisance du port de Toulon si le départ du Okko devait se confirmer. »Soit« une perte potentiell­e de 40 000 euros par an pour la CCI ».« Au regard de l’excellente relation entretenue avec ce client premium », la chambre ne « souhaite pas son départ ».

Des dégradatio­ns à  euros

Mais faute d’aménagemen­ts et de présence plus fréquente de patrouille­s de police, le capitaine ne veut pas prendre le risque de subir à nouveau des dégradatio­ns. Celles-ci s’étaient chiffrées à 53 000 euros en 2013. Pour autant, il ne sait pas encore où, dans la rade, il mettra le cap en octobre prochain. « Je peux soit stationner en toute sécurité dans le port de La Seyne-sur-Mer, à proximité du Casino, soit réaliser la partie technique à flot à Saint-Mandrier, chez IMS 700, également sécurisé. Une chose est certaine, cela ne sera pas à Toulon », confirmait-il hier en fin d’après-midi. Du moins, l’hiver prochain.

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