À La Seyne : la politique ne fait plus forcément recette dans les discussions
Réputés pour avoir la fibre politique, les Seynois sont pourtant de plus en plus nombreux à bouder la campagne. Illustration au Café des arts, dans le centre-ville
Aquelques semaines de l’élection présidentielle, nous plaçons les électeurs au coeur de la campagne. Chaque jour, un lecteur nous sert de guide dans son environnement (quartier, immeuble, association, club, entreprise, commerce), à la rencontre de ceux qui en sont acteurs. Ils commentent la campagne présidentielle, l’attitude des candidats, évoquent leurs convictions, leurs doutes, leurs attentes. Leurs coups de gueule aussi. Aujourd’hui, tour d’opinions à La Seyne, au Café des arts, en plein centre-ville.
Ici, le gérant est à l’image de l’établissement: ouvert et convivial. Depuis quelques années, Hicham tient avec sa femme, Leïla, le Café des arts, au coeur du centre-ville de La Seyne. Un salon de thé chaleureux où la culture et les débats ont toujours eu une place de choix. La clientèle fidèle est en grande partie composée de tout ce que la ville compte d’artistes, de journalistes, de personnes versant, de près ou de loin, dans la politique… Alors, est-ce qu’on y parle beaucoup de la présidentielle ? «Ça n’arrête pas!» lance Hicham. Et dans la seule ville de gauche à des kilomètres
à la ronde, il annonce Macron et Mélenchon en tête des… discussions. Ça se vérifie facilement avec Eric, 52 ans, qui laisse un instant son ordinateur portable pour nous dire ce qu’il pense du premier : «Un cerveau frais, capable je l’espère de renverser la table… de façon soft ». En terrasse, Jean-Marc, la soixantaine, est bien décidé, à l’issue cette campagne « ubuesque », à donner sa voix au second, le plus proche de ses idées. Mais le patron sait aussi que « Marine Le Pen a beaucoup de partisans ici, sauf qu’on les entend moins…» Le score obtenu par le candidat
frontiste aux dernières élections municipales ne peut qu’appuyer son ressenti. Et Fillon dans tout ça ? « C’est marrant mais on n’en entend plus parler. Il y a bien quelqu’un des Républicains qui est passé l’autre jour… Il a expliqué que son candidat était victime d’un complot. Mais c’est tout ». Pourtant, derrière le goût toujours prononcé qu’ont certains Seynois pour les
grands débats d’idées, un certain désintérêt de la politique gagne, ici aussi, du terrain. « De plus en plus, les gens ne votent plus par conviction, ils votent “contre”», résume Hicham. « Moi, j’ai toujours voté donc j’irai là encore, soupire Michel, 70 ans. Mais c’est franchement désespérant ce qu’il se passe actuellement. Il faudrait vraiment comptabiliser les votes blancs et l’abstention et, au-delà d’un certain
score, refaire les élections. Il est tant de comprendre que c’est le signe d’un profond désaccord avec cette façon de faire de la politique. Et surtout, il devrait y avoir un compte rendu obligatoire entre les promesses et les réalisations ». De table en table, la plupart des impressions sur cette campagne en disent long sur un sentiment grandissant :« Ça pue !»;« Ces candidats n’ont plus aucun crédit »;« Si ce cirque continue, les extrêmes arriveront au pouvoir. Peut-être pas à cette élection, mais à la prochaine, c’est sûr ».
C’est marrant mais on n’entend plus parler de François Fillon”