Requiem pour le choeur amateur d’Amadevs
Mi-janvier, l’ensemble Amadevs a mis en suspend son choeur amateur pour se recentrer sur son orchestre professionnel. En cause ? La mauvaise santé financière de l’association
Toulon
Et si le concert grandiose de Carmina Burana, donné au Zénith de Toulon le 30 octobre dernier, avait été le chant du cygne du choeur amateur de l’ensemble Amadevs ? En tout cas, depuis la mi-janvier, l’activité de ce choeur, qui existait depuis 2012, a été suspendue par Philippe Raymond-Bailey, le patron de l’association. C’est que le budget du fameux spectacle aurait sévèrement grevé les comptes de la structure.
Place aux pros
Et ce, même si la mairie avait fait profiter de sa journée calendaire (1), évitant à l’association de payer la salle. Compris « entre 100 000 et 200 000 euros », le coût du show a été essentiellement financé par la billetterie. « On a fait 1794 entrées payantes, explique Philippe Raymond-Bailey. Il en fallait entre 800 et 900 de plus pour qu’on soit à l’équilibre. Sans parler du fait que le prix réel des places pour ce genre de spectacle, c’est 150 euros.» Là, les tarifs étaient compris entre 30 et 63 euros. Résultat des courses ? Un trou de «50 000 euros », si l’on en croit un ancien membre de la chorale. La salle Ravel, à La Garde, QG de l’association, a été abandonnée, « permettant d’économiser 1 700 euros par mois », ajoute Philippe RaymondBailey. À la quarantaine de choristes amateurs, le chef adit« qu’il n’était plus possible de continuer comme ça », les activités du choeur cessant de facto .« Musicalement, Carmina, c’était génial. Mais si c’était à refaire, je m’y prendrai trois ans avant, avec des subventions et du mécénat. On a péché sur le ficelage financier...» De façon plus générale, à en croire le chef, « il y avait une disproportion entre le temps, l’énergie, l’argent investi et le “one shot” de nos spectacles. Et, du fait des obligations personnelles de chacun, on devait rester proche de Toulon. » À terme, de quoi freiner, selon M. Raymond-Bailey, le développement, la diversification et donc la survie de l’association. La parade ? «Amadevs s’est recentré sur son orchestre et ses quelques solistes professionnels. On revient aux statuts de l’association et je peux me consacrer à la composition d’oeuvres originales. Et en étant pro, l’accès aux subventions régionales et les partenariats de mécénats seront plus simples. » Jusqu’en juin, sept concerts d’Amadevs nouvelle version sont déjà bookées, dont un le 8 avril à Toulon. D’autres sont prévus jusqu’en décembre, dont certains à Paris et Marseille.
Résurrection ?
Et les choristes dans tout ça ? Beaucoup n’ont « aucune rancoeur » et préfèrent, à l’image de Martine Cordelier, «se souvenir d’une très belle aventure, même si elle s’est arrêtée un peu brutalement ». D’autres, comme Jaqueline Cnobloch, regrettent que le chef « ait décidé de tout arrêter du jour au lendemain, après notre concert du 8 janvier, et qu’il fasse porter le chapeau des difficultés financières à la chorale, composée de bénévoles. Et en plus, on a payé la cotisation de 200 euros pour l’année et on n’a pas été remboursé… » Bonne nouvelle cependant, le choeur pourrait renaître de ses cendres. Une vingtaine de ses membres ont décidé de continuer à chanter, sous la houlette de Norbert Dole, baryton à l’Opéra de Toulon. 1. Propriétaire du Zénith, la mairie dispose d’une journée sans frais de location de la salle, qu’elle peut accorder à l’association de son choix.