Plaintes et demandes d’exclusion en série au FN
Les réactions au documentaire de C8 filmé en caméra caché au sein des jeunes militants frontistes niçois n’ont pas tardé, mettant au jour de graves dissensions au sein de la fédération azuréenne
Avant même sa diffusion, hier soir, le documentaire de la chaîne C8 sur « la face cachée du front national » – dont nous avons publié des extraits mardi – a provoqué une réaction en chaîne au sein de la fédération FN des Alpes-Maritimes. Mettant au jour de graves dissensions internes.
Propos « découpés » selon Loeuillet
Dès hier matin, les instances nationales du parti ont suspendu Benoît Loeuillet, conseiller régional Paca. Dans ce documentaire tourné en caméra caché, on voit cet ancien identitaire niçois relativiser l’ampleur de la Shoah : «Il n’y a pas eu de meurtre de masse comme cela a été dit »… « Pas six millions », déclare notamment ce colistier de Marion Maréchal-Le Pen. Dans un communiqué, Benoît Loeuillet affirme que ses propos ont été « habilement découpés », s’inscrit « en faux», affirme n’avoir « en aucune manière nié la réalité de la Shoah » et annonce son intention de déposer plainte contre le journaliste à l’origine de ce reportage. Les instances de son parti ne semblent pas pour autant enclines à lui laisser le bénéficie du doute. Lionel Tivoli, le secrétaire départemental du Front national, assure avoir lui-même demandé la suspension «en vue de l’exclusion définitive » de Benoît Loeuillet. Gilbert Collard, le député affilié FN du Gard a même traité ce dernier « d’abruti » sur le plateau de C News. Et Marion Maréchal-Le Pen, qui l’avait pris sur sa liste aux régionales, s’est très vite désolidarisée sur son compte Twitter de tels propos négationnistes qui, assure-t-elle, n’ont jamais été tenus devant elle.
«Porte ouverte» aux identitaires
Pour un élu azuréen qui tient à garder l’anonymat, la députée du Vaucluse a néanmoins « une part de responsabilité » car « c’est elle qui a ouvert la porte du Front national aux identitaires ». Le reportage diffusé par C8 ne ferait que démontrer l’importance prise par ce groupuscule d’extrême droite au sein du FN azuréen, au travers de personnages comme Philippe Vardon, ou encore Bryan Masson, secrétaire départemental du Front national de la jeunesse.
Demande de mise « sous tutelle » de la fédé
Ce jeune loup de 20 ans se vante d’avoir nettoyé « le bordel » qui régnait au sein de la fédération azuréenne en traitant de « cas soc’ finis à la pisse » les anciens ténors locaux du parti. Ce qui n’a pas été du goût de Michel Thooris, conseiller municipal à Carros, membre du comité central du FN et ancien numéro 2 de la fédération 06, qui annonce lui aussi son intention de déposer plainte… contre son camarade de parti, Bryan Masson, « pour diffamation ». Michel Thooris dit s’associer pleinement à la démarche d’un autre membre historique du FN azuréen, aujourd’hui en dissidence, Marc-André Domergue, qui, au-delà de l’exclusion de Benoît Loeuillet, demande également celle de Philippe Vardon, Bryan Masson… Et même celle de l’actuel secrétaire Lionel Tivoli ! « Nous demandons la mise sous tutelle immédiate de la fédération FN 06, assène le communiqué en question, avec la constitution d’un comité de pilotage, intégrant l’ensemble des élus locaux écartés par le clan actuellement en place. » Ceux, précisément au nombre de sept, dont le nom figure au bas du communiqué? Le problème c’est qu’après vérification, plusieurs d’entre eux affirment n’avoir jamais été consultés – et encore moins avoir donné leur accord – pour réclamer la tête du patron local du FN. C’est à ne plus rien y comprendre… Si ce n’est que ça tire dans tous les sens au sein de la fédération azuréenne du Front national.