Dieselgate: Renault dans la tourmente
Un rapport de la Répression des fraudes épingle le groupe français et son PDG
L «’ensemble de la chaîne de direction » du groupe Renault, jusqu’à son PDG Carlos Ghosn, est impliquée dans la fraude présumée aux émissions polluantes des moteurs diesel, estime la Répression des fraudes dans un rapport révélé, hier, par le journal Libération. « Aucune délégation de pouvoir n’a été établie par M. Ghosn concernant l’approbation des stratégies de contrôle utilisées pour le fonctionnement des moteurs », relève notamment le gendarme de Bercy, qui retient « la responsabilité » du PDG dans les faits de tromperie présumée visant le constructeur automobile.
Information judiciaire ouverte pour tromperie
Soupçonné par Bercy d’avoir installé un « dispositif frauduleux » pour fausser les tests d’homologation de moteurs diesel, Renault a répété, hier, qu’il respectait les règles et réservait ses explications aux magistrats. Libération a publié ce mercredi des extraits d’un procès-verbal de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui a contribué à l’ouverture le 12 janvier par le parquet de Paris d’une information judiciaire visant le premier groupe automobile français pour « tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués ». Selon ces éléments datant de novembre, Renault « a trompé les consommateurs sur les contrôles effectués et notamment le contrôle réglementaire de l’homologation sur les émissions de polluants ». « La société a utilisé une stratégie ayant pour objectif de fausser les résultats de tests antipollution », selon la même source. Selon Libération, le document met en lumière des écarts importants entre les performances de certains moteurs Renault au moment de leur homologation en laboratoire et leur utilisation en conditions réelles, en particulier les modèles Renault Captur et Clio IV qui dépasseraient le seuil réglementaire d’émission de dioxyde de carbone de respectivement 377 % et de 305 %. « Ces résultats permettent de soupçonner l’installation d’un dispositif frauduleux qui modifie spécifiquement le fonctionnement du moteur, pour en réduire les émissions de NOx (oxydes d’azote, Ndlr) dans des conditions spécifiques du test d’homologation, afin que les émissions respectent les limites réglementaires », conclut la DGCCRF dans son procès-verbal. Ces soupçons rappellent le scandale Volkswagen, qui a reconnu en septembre 2015 avoir équipé onze millions de ses véhicules diesel à travers le monde d’un logiciel destiné à tromper les contrôles anti-pollution. Partie des États-Unis, cette affaire a coûté pas moins de 23 milliards de dollars au géant allemand dans ce pays.
Renault : « Pas de logiciels frauduleux »
De son côté, Renault a dit dans un communiqué mercredi avoir « pris connaissance d’un article déséquilibré paru ce jour dans la presse nationale relatif au dossier “émissions” ». Le groupe « rappelle qu’aucun de ses services n’a enfreint les règles, européennes ou nationales, relatives à l’homologation des véhicules. Les véhicules Renault ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution ».