Ils passent à tabac un SDF et lui brûlent une main
Le 11 mars dans un camp de marginaux, un jeune homme a été lynché par trois individus. Ils ont été condamnés à des peines allant de 3 à 7 ans de prison devant le tribunal correctionnel
Une scène à la Orange Mécanique. Presque le même déchaînement de hargne tourné par Stanley Kubrick dans son film où trois hommes ivres de rage s’attaquent à un sans domicile fixe sans défense. Cette comparaison n’a pas échappé à Dominique Mirkovic, procureur de la République adjoint, en introduction de ses réquisitions dans cette sordide affaire de violences commises en réunion dans la nuit du 11 au 12 mars dans un camp de marginaux à La Seyne.
Coups de barre de fer, de matraque…
Cette nuit-là, comme l’a rappelé le représentant du parquet, un jeune homme a été victime de faits d’une extrême violence. Des faits rarement vus devant un tribunal correctionnel où les trois agresseurs – des SDF – ont été jugés hier en comparution immédiate. Deux d’entre eux ont comparu en état de récidive légale, avec une épée de Damoclès audessus de leurs têtes: jusqu’à 14 ans de prison. « Cela tient du miracle que la victime soit là devant nous… ». Âgé d’une vingtaine d’années, ce jeune homme à la rue, qui fréquentait ce camp situé sur un ancien terrain militaire, a subi un quasi-lynchage. Pour une obscure raison de médisance à propos d’une jeune femme, la victime a eu droit à un règlement de comptes extrême. Un tabassage à son niveau le plus élevé à coups de poing, de pied, de barre de fer chauffée, de matraque télescopique. On lui a tiré dessus à moins d’un mètre cinquante avec une carabine airsoft. On l’a jeté dans un fossé, avant de lui jeter un parpaing dessus et de lui brûler sa main droite alors qu’il était inconscient. Devant le tribunal, ils étaient trois hommes à répondre de cette « sauvagerie ». À commencer par Pascal Crowell-Schweizer, 18 ans, un casier judiciaire vierge qui a contesté les faits, expliquant être à Toulon au moment de l’agression.
Cruauté caractérisée
Mais comme l’a relevé Mme Lablanche, la présidente, « les deux co-auteurs et des témoins ont attesté que vous étiez sur place ». Gaël Mertz, 26 ans, condamné à dix reprises, a reconnu avoir notamment frappé le jeune homme. Il était par ailleurs interdit de séjour dans le département. Quant au doyen de l’équipée Sauvage, Gilles Mesquida, 33 ans, au casier judiciaire noirci de six condamnations, il n’a pas nié des coups de poing et trois tirs d’airsoft. « Rien ne justifie ce que j’ai fait. Je m’excuse. La victime était un ami », a-t-il notamment livré lors de la lecture d’une déclaration.
« On lui a enflammé la main », insiste Me Bourdelois, l’avocate de la partie civile. «C’est de la cruauté caractérisée. » Une cruauté qui a conduit le ministère public à requérir des peines allant de 3 à 7 ans. En défense, Me Morfoisse a plaidé la relaxe pour le plus jeune. « Un primo délinquant qui conteste avoir été présent ce soir-là ». Le conseil a évoqué un contexte particulier :
la vie souvent violente vécue par les SDF. « Une jungle. De la sauvagerie. » Il s’en est remis à l’indulgence du tribunal. Les trois mis en cause ont été reconnus coupables des faits. Mme Lablanche a prononcé des peines d’emprisonnement ferme assorti d’un maintien en détention de trois ans de prison (M. CrowellSchweizer), 6 ans (Mesquida) et 7 ans (Mertz).