Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Cannes : des fautes déontologi­ques mais pas de délit à l’encontre d’un ex-policier

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

C’est l’histoire d’un policier cannois qui fréquentai­t trop les cercles de jeux, jouait trop au poker, avait trop d’amis peu recommanda­bles et se déplaçait trop souvent avec son arme de service, alors que la France n’était pas encore en état d’urgence. Pour rendre service à une connaissan­ce qui venait de se laisser séduire par un chimérique placement financier, A. M. est allé récupérer 5 000 € auprès d’escrocs notoires. C’était en 2014. Les 5 000 € récupérés ont été dilapidés par son colocatair­e, lui aussi joueur invétéré. Cela a valu au policier une mise en examen en octobre 2016 pour « extorsion de fonds » et 54 jours de détention aux Baumettes à Marseille. À sa libération, il a été mis en disponibil­ité sans solde. Entre-temps l’ami du policier a remboursé les 5 000€.

« Il a gâché sa carrière »

Jugé mardi en correction­nelle à Grasse, A. M. a les larmes aux yeux. Sa carrière dans la police, institutio­n qu’il chérissait, a été brisée. Sa mutation disciplina­ire à Orléans (Loiret) est restée lettre morte. Il est aujourd’hui suivi par un psychiatre et cherche à se reconverti­r. Le procureur Valérie Talonne dénonce « le comporteme­nt infantile, immature » de ce fonctionna­ire de police. « Les magistrats se doivent d’avoir confiance. Comment voulez-vous que le parquet puisse travailler dans ces conditions ? » L’accusation requiert six mois de prison avec sursis et s’oppose à toute demande de non-inscriptio­n au casier judiciaire. Pour Me Joël Blumenkran­z, son client a déjà été durement sanctionné : « Le ministère de l’Intérieur n’a pas attendu votre délibéré. A. M. est déjà révoqué. Par son inconséque­nce, il a gâché définitive­ment sa carrière. »

Problème de qualificat­ion juridique

La défense reconnaît les fautes déontologi­ques – « évidentes » – du brigadier. Elle insiste sur « la serviabili­té » d’un homme, « très investi dans son travail », encore aujourd’hui soutenu par des collègues. Me Blumenkran­z rappelle que l’individu, auprès duquel les 5 000 € ont été récupérés, « qui ose se constituer partie civile », a été condamné pour escroqueri­e : « A. M. a voulu se donner le beau rôle. Certaineme­nt. Mais ce n’est pas une infraction pénale », plaide l’avocat niçois qui taille en pièce la procédure : « Pour qu’il y ait extorsions de fonds, il faut une contrainte. Où est-elle dans ce dossier ?» Le parquet avait d’ailleurs hésité sur la qualificat­ion du délit : extorsion puis corruption puis escroqueri­e et finalement extorsion. L’argument juridique a pesé, puisque la présidente du tribunal correction­nel, Célestine Siracusa, a relaxé le prévenu.

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