Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le donateur des costumes de François Fillon révélé

Il s’agit de Robert Bourgi, figure de la « Françafriq­ue » ayant pour Chirac et Sarkozy avant de se rapprocher du député de oeuvré Paris

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Robert Bourgi a reconnu hier avoir acheté des costumes, pour un montant de 13000 euros, à François Fillon, « un simple cadeau amical » effectué, selon lui, sans « conflit d’intérêt ni trafic d’influence ». « On ne m’a jamais vu à son siège de campagne comme à ses meetings », a-t-il assuré. L’enquête sur de possibles emplois fictifs familiaux, qui a valu au candidat de la droite et du centre d’être mis en examen en pleine campagne présidenti­elle, a été étendue aux conditions dans lesquelles des costumes de luxe lui ont été offerts. Ceux-ci avaient été commandés, dans la boutique parisienne Arnys, le 7 décembre 2016, pour un montant de 13 000 euros. La somme avait été réglée le 20 février. Alors que son nom circulait avec insistance depuis plusieurs jours, cet avocat de formation, âgé de 71 ans, avait nié dans un premier temps. Mais a donc finalement confirmé cette informatio­n, révélé peu de temps auparavant par Le Monde. Mais Robert Bourgi est surtout connu pour ses liens avec de nombreux dirigeants africains, comme l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, Omar Bongo, l’ancien chef de l’État gabonais, ou encore l’actuel dirigeant congolais, Denis Sassou-Nguesso. Né à Dakar (Sénégal), ce défenseur de la « Françafriq­ue » est souvent vu comme le fils spirituel de Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » de Charles de Gaulle. Son père Mahmoud Bourgi, un commerçant libanais adhérent du Rassemblem­ent du peuple français (RPF), fut l’homme de confiance de Jacques Foccart à Dakar. Et Robert Bourgi fut lui-même le «conseiller Afrique» de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin (1), avant de rallier Nicolas Sarkozy en 2005. Quant à François Fillon, qu’il connaît depuis longtemps, il s’en est rapproché en 2012, lui ouvrant son carnet d’adresses africain. Le Monde indique notamment qu’il a contribué à l’organisati­on d’un voyage du candidat de la droite et du centre au Sénégal et en Côte d’Ivoire, en 2013. Il avait, pourtant, déclaré en avril 2016 soutenir Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite et du centre – alors même que l’ancien chef de l’État n’était alors pas officielle­ment candidat. Hasard du calendrier, Robert Bourgi et son épouse Catherine sont appelés à venir témoigner mardi au procès du Vénézuélie­n Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos, qui est jugé à Paris pour l’attentat du Drugstore Publicis qui avait fait 2 morts et 34 blessés en 1974 à Paris. Le couple, déjà avocats à l’époque, étaient présents au moment des faits et est appelé à s’exprimer devant la cour d’assises en tant que témoins cités par l’accusation.

1. Le 11 septembre 2011, il avait déclaré au Journal du dimanche avoir, dans les années 1990, à de nombreuses reprises, transporté « des millions d’euros » d’États africains faisant partie de la «Françafriq­ue» au profit de Jacques Chirac, précisant que Dominique de Villepin était au courant de cette situation..

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(Photo d’archives AFP) L’avocat franco-libanais est considéré comme l’héritier de Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » de Charles de Gaulle.

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