De ces humanitaires attachants, jaillit la force brute d’un collectif
De l’équipage de l’Aquarius ,deces humanitaires attachants, jaillit une force brute que seul un collectif puissant réussit à générer. Chaque jour, un peu plus, je découvre leur inextinguible soif de secourir l’autre. Sans autre considération géopolitique ou intéressée. Parce que ces migrants sont des êtres humains. Et qu’on ne laisse pas mourir des hommes, des femmes, des bébés. Le choix de l’équipage d’affronter la très rude tempête qui s’est abattue sur la Méditerranée durant 60 heures s’innerve de cette volonté farouche. «Comment imaginer que nous allions nous réfugier dans un abri, en Sicile ou ailleurs, pour laisser passer la tempête, alors que notre rôle est d’être là, prêts à secourir dans l’instant ?», a ainsi asséné hier Klaus Merkle, patron des opérations de sauvetage. L’Aquarius a donc affronté des vents de plus de 40 noeuds en rafale, des vagues de six mètres. Un exercice très éprouvant pour tous, mais pas inconsidéré. Ce navire est en effet taillé pour la mer du Nord, où il servait de sentinelle, de chien de berger, aux bateaux de pêche. À moins de 100 milles de nous, près de Misrata en Libye, un cargo a coulé dans la même tempête. Sept disparus, six survivants. Le coup de tabac passé, l’Aquarius était hier soir juste au large de Tripoli. Seul sur zone, paré à intervenir. Le souffle des humanitaires de SOS Méditerranée et de Médecins sans frontières est bien plus fort qu’une tempête. Pour illustrer leur action, voici quelques mots choisis, envoyés hier par Facebook à l’équipage par un soutien, Antony Terminat-Puruehnce : «Il y a des gens, des anges qui sont toujours là même quand la tempête est déchaînée. Qui t’ouvrent la voie et assurent tes arrières. Un amour aussi inconditionnel dans un monde aussi froid me paraît toujours miraculeux. Le bien n’a pas quitté l’humanité.»