Hémorroïdes : dépasser la crainte de l’opération
La présence de veines dilatées au niveau de l’anus peut rapidement devenir gênante. Désormais une technique chirurgicale mini-invasive peut régler le problème sans douleur
Il est des désagréments qui, outre la douleur, peuvent provoquer une certaine gêne rien qu’à les évoquer devant un médecin. Les hémorroïdes en font partie. À tel point que certains rechignent à consulter. Pourtant, ces veines dilatées au niveau de l’anus peuvent rendre la vie insupportable. Au point de redouter l’instant où il faut aller aux toilettes. Pourtant quasiment tout le monde peut être concerné par ce problème, quel que soit son âge. Il est souvent lié à la constipation, au relâchement des tissus, à l’obésité, au port de charges lourdes ou encore à la grossesse. Dans les familles où plusieurs membres ont des difficultés liées au retour veineux, varices et hémorroïdes sont monnaie courante. Les formes les plus bénignes peuvent être traitées grâce à l’application de pommades ou par l’ingestion d’analgésiques. « Lorsqu’ils deviennent douloureux, provoquent une gêne et saignent, il faut consulter, conseille le Dr Chiara Negri, praticien hospitalier spécialiste en chirurgie générale, digestive et viscérale au centre hospitalier d’Antibes. Le médecin pourra alors établir le diagnostic et écarter d’éventuelles pathologies plus graves notamment du côlon.» Pour les hémorroïdes à un stade avancé, pour lesquels les traitements médicamenteux sont insuffisants, plusieurs solutions sont possibles.
Intervention classique ou mini-invasive
« La première consiste à faire une couture pour remonter l’hémorroïde à l’intérieur de l’anus. L’intervention est rapide et pratiquée en ambulatoire. Il faut consulter dès que les hémorroïdes deviennent gênantes au quotidien et qu’elles saignent.
Il y a un risque de rechute mais elle peut être renouvelée. » Autre manière de soulager les patients, plus radicale: la chirurgie classique. « On pratique la résection des veines hémor roïdaires : elles sont purement et simplement coupées, résume le Dr Negri.
de l’anus est tiraillée lorsque le patient va à la selle. Elle engendre en outre un risque de lésions au (notamment en raison de problèmes cardiaques) à cause des risques de saignements. » Beaucoup de personnes très gênées par leurs hémorroïdes redoutent pourtant cette opération. Les douleurs et la cicatrisation pouvant retarder la reprise de l’activité professionnelle leur semblent trop importantes comparées au bénéfice de l’intervention chirurgicale. Depuis peu, il existe une troisième voie qui pourrait finir de les convaincre de se faire opérer : le HAL - RAR (Hemorroid Artery Ligature - Recto Anal Repair). « Il s’agit de la ligaturer à la fois des artères hémorroïdaires sous contrôle doppler (HAL) mais aussi l’excès de muqueuse (la mucoplexie - RAR) en fixant le tissu muco-hémorroïdaire à la paroi rectale, détaille le Dr Negri. Pour comprendre, on peut imaginer que les hémorroïdes sont un peu comme des ballons alimentés par le sang : ici on ferme les robinets pour diminuer l’afflux sanguin. »
Rétablissement rapide et indolore
Cette technique présente plusieurs avantages : comme elle est mini invasive, elle se pratique en ambulatoire (sous anesthésie générale) et permet un retour rapide au travail (1 à 3 jours). Étant donné l’absence de cicatrice, il n’y a pas de soins postopératoires. Seule précaution : éviter de porter des charges lourdes pendant 6 semaines. Si la chirurgie peut inquiéter certains patients, elle est souvent la meilleure réponse à des hémorroïdes conséquentes.« Il est essentiel d’en discuter avec un médecin, insiste le Dr Negri. Informé des caractéristiques des différentes techniques, le patient pourra prendre une décision en connaissance de cause.» Dépasser ses craintes en prenant le temps de dialoguer avec le praticien permet d’accepter l’opération et de dire enfin stop aux souffrances et aux gros tracas du quotidien.