Le bénévolat comme alternative
Véronique Labedade a trouvé des boulots à plusieurs reprises. Pourtant à chaque fois, cela s’est terminé prématurément. Malgré tout, elle est parvenue à rebondir à sa manière. Au commencement, elle a plongé dans la maladie il y a ans mais a mis longtemps avant d’accepter le diagnostic. Après avoir enchaîné les boulots et les licenciements, elle a fini par accepter le fait que ses troubles bipolaires lui rendaient impossible l’exercice salarial. Se faisant, elle a franchi un cap, s’est réconciliée avec elle-même. Le besoin d’aider ceux qui souffrent comme elle et la volonté de se rendre utile l’ont conduite à fonder l’association Le phare des pôles. Elle y oeuvre bénévolement pour venir en aide à ceux qui traversent des épreuves similaires à celles qu’elle a surmontées. Car si l’exigeant marché de l’emploi s’accommode mal des maladies psychiques, une solution s’offre à ceux qui ressentent ce besoin impérieux de donner du sens : le bénévolat. Monique Dragoni, conseillère en insertion professionnelle au centre hospitalier Sainte-Marie et par ailleurs responsable du recrutement des bénévoles à la Croix-Rouge, l’a constaté par le biais de son expérience et de ses deux casquettes. « Le monde du travail n’est pas toujours bienveillant, pas forcément enclin à accepter la différence et à s’y adapter. Dans le bénévolat, il n’y a pas de notion de rendement. Chacun vient avec ses compétences et les met au service d’une cause. » Alain a justement fait ce choix. Contraint d’interrompre son travail, il s’est rendu compte avec l’équipe pluridisciplinaire qui l’entoure qu’il n’était pas prêt à reprendre pied dans le monde professionnel traditionnel. Alors il s’est engagé dans la CroixRouge et s’en sent mieux. Le bénévolat peut constituer une première étape : le patient peut ainsi se mesurer à un environnement professionnel, jauger sa capacité à gérer les contraintes tout en ayant la possibilité de se mettre en retrait sans risquer le licenciement. Si ses coéquipiers savent qu’il souffre d’une pathologie psychique, ils l’accepteront tel qu’il est en lui offrant finalement cette possibilité de se sentir utile et normal, un besoin exprimé par beaucoup de malades.