Les professionnels de santé « Quelle place pour la médecine libérale ? »
«Ne faudrait-il pas revoir la formation initiale et continue des médecins, au niveau des humanités médicales, de l’esprit critique, des médecines non conventionnelles et doubler le tarif de consultations pour pouvoir prendre du temps avec Hervé Caël, chef d’un service d’urgences dans le secteur privé
« Que pensez-vous de la convergence tarifaire entre le public et le privé ? Et de la libéralisation des équipements lourds, et notamment des IRM ? Et enfin de la rémunération des professionnels de santé, et en particulier du secteur ? Et d’élargir la question des honoraires aux autres professions paramédicales ? »
Alfred Spira : « il faut répartir les rôles, que chacun soit à sa place et que la rémunération soit adaptée aux pathologies, aux aspects sociaux, démographiques, épidémiologiques… On ne prend pas en charge les mêmes pathologies et de la même façon aux différents endroits. Sans la supprimer, il faut sortir de la TA et avoir des formes de rémunérations adaptées, forfaitaires. » Muriel Fiol-Anguenot : « Nous sommes favorables au secteur , ainsi qu’à une saine concurrence entre cliniques privées et hôpitaux. Oui également à la libéralisation concernant les équipements. » Noam Ambrourousi : « Nous disons non à la convergence tarifaire, puisque cela signifierait que l’on reste sur le tout TA ; or, nous souhaitons sortir du paiement à l’acte. Ensuite, parce que public et privé ne traitent pas le même public. Concernant le secteur (honoraires librement définis par le médecin, ndlr), on est opposés sur le principe même. Comment marche aujourd’hui le secteur ? Qu’est ce qui fait que l’on applique ou pas un dépassement d’honoraires ? Si la personne a l’air plutôt pauvre, on ne fait pas de dépassement, et s’il a l’air riche, on en fait ? C’est incroyable. Avec nous, le secteur sera interdit. »
Jean Leonetti : « Concernant la convergence, je réponds: même droit, même devoir ; si un établissement ne reçoit qu’un type de pathologie, à un horaire précis etc., alors non, pas les mêmes devoirs, donc pas les mêmes droits. Plutôt qu’évoquer la libéralisation des équipements (IRM), je préfère qu’on travaille sur la qualité ; lorsque dans certains établissements, % des IRM sont normaux, on peut se poser la question : pourquoi continue-t-on à faire des IRM ? Sur la TA, on est tous d’accord, mais rappelonsnous quand même que la dotation globale était un budget très contraint qui obligeait les hôpitaux à avoir des rémunérations supplémentaires. Oui enfin au secteur , qui est selon nous, doublement utile : pour corriger des rémunérations inadaptées à al situation, et ensuite parce qu’existe un libre choix entre un médecin et un malade, dans un colloque singulier, et on peut trouver la juste rémunération, avec tact et mesure.» Jean-Jacques Domerego : «Je réponds oui à toutes les demandes formulées, après bien sûr des négociations avec les professionnels de santé concernés. La relation médecin patient doit être préservée, sinon on impose le tiers payant, si on impose des fonctionnaires, une médecine publique, je ne pense pas que les médecins seraient plus heureux dans l’exercice de leur profession. »
«Quelles solutions au problème de permanence des soins?» Philippe Babe, chef de service urgences pédiatriques publiques
« Un des vrais problèmes aujourd’hui, c’est la permanence des soins. Les Urgences aujourd’hui comblent le déficit de garde de ville, et ça a un coût énorme. Que proposez-vous ? »
Alfred Spira: « Nous proposons des espaces, adossés à l’hôpital dans lesquels des médecins libéraux aient la possibilité d’exercer si possible / avec des rémunérations adéquates. Elles joueraient le rôle de filtre avant l’accès aux urgences, mais permettraient aussi d’assurer l’amont et l’aval par rapport au système hospitalier, et améliorer les problèmes de coordination entre l’ambulatoire et l’hospitalier. » Muriel Fiol-Anguenot : « Nous sommes conscients du problème, mais sommes opposés à toute forme de coercition vis-à-vis des médecins, c’est à eux de
s’organiser. Il y a des droits et des devoirs, faisons leur confiance. » Jean Leonetti : « Nous souhaitons définir une politique de santé de territoire. Il faut que l’on sache s’organiser dans les trois niveaux de recours, le premier recours (le médecin généraliste, ndlr), le second recours, hospitalier, public ou privé et le avec les hôpitaux de référence, les CHU etc. Et trouver des passerelles entre l’un et l’autre. C’est beaucoup moins cher, et on revalorisera l’ensemble de la profession médicale, libérale et hospitalière. »