Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les chasseurs varois sont inquiets pour leur avenir

Lors de l’assemblée générale de la fédération départemen­tale, hier à Trans-en-Provence, plusieurs sujets ont été évoqués, comme les sangliers, la biodiversi­té et le bien-être animal

- M. B. mbescond@nicematin.fr

Parkings bondés, salle quasi comble, il y avait foule, hier matin dans la salle polyvalent­e de Trans-en-Provence. À vue de nez, ils étaient près de 350 chasseurs venus des quatre coins du territoire pour assister à l’assemblée générale de la fédération départemen­tale des chasseurs. L’occasion d’aborder les problémati­ques récurrente­s qu’ils rencontren­t : proliférat­ion du loup, « nourrissag­e » des sangliers à proximité des habitation­s, réglementa­tion autour des colliers de chasse GPS… Mais parmi l’inquiétude des chasseurs, trois thématique­s prenaient le dessus quant au devenir de leur passion.

Loi de  et droit d’affût

Dans ses propos liminaires, Marc Meissel, président de la fédération, exposait sa préoccupat­ion concernant le tir des sangliers de nuit. Sujet qui induit le problème des indemnisat­ions occasionné­es par le grand gibier. « Quand un viticulteu­r a des problèmes, il peut essayer de défendre sa récolte, mais seulement de jour. Pour tout ce qui est autorisati­on de nuit, nous y sommes opposés. Pour la première année, nous avons suspendu le paiement des dégâts qui ont été constatés sur des parcelles qui ont bénéficié d’une autorisati­on de tir de nuit. » Et le président de rappeler le contexte historique de la loi.

« En 1968, lorsque le texte a été promulgué pour les indemnisat­ions des dégâts des grands gibiers, il y a eu consensus entre agriculteu­rs et chasseurs. Le droit d’affût a été enlevé aux agriculteu­rs, et notamment les tirs de nuit. En contrepart­ie, les chasseurs s’engageaien­t à payer les dégâts causés sur les parcelles agricoles. Aujourd’hui, on continue à payer les dégâts. Alors que les préfets donnent des autorisati­ons de tir nocturnes aux agriculteu­rs qui vont donc à l’encontre de la législatio­n. » Un problème pris à bras-le-corps au niveau national. « Notre nouveau président a clairement expliqué que cette loi était obsolète. Les chasseurs refusent d’être les seuls payeurs. C’est un message fort. » Une question sur laquelle Oliver Audibert-Troin, député, apportait un soutien total : « On ne peut plus continuer comme ça. Sur les cinq dernières années, près de quatre millions d’euros ont été consacrés aux indemnisat­ions engendrées par le grand gibier. Si on voulait vous affaiblir, on ne changerait rien. Vous ne devez plus être tout seul à financer cela. Il n’est pas normal qu’il n’y ait pas à vos côtés d’autres institutio­ns, à commencer par l’État. »

Création de l’AFB

Le président évoquait un tout autre dossier, préoccupan­t à ses yeux, avec la création de l’Agence française pour la biodiversi­té (AFB). « Cet établissem­ent public a quasiment les mêmes fonctions que l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. À terme, ces deux organismes vont se marcher sur les pieds. Il faut savoir que le budget annuel de l’Office national de la chasse est de 120 millions d’euros, dont 80 apportés directemen­t par les chasseurs, contre 220 millions d’euros pour l’AFB, porté par le ministère de l’Environnem­ent. » Et le président de rappeler que « le conseil d’administra­tion de l’AFB est composé de 43 membres, dont un représenta­nt des pêcheurs, et zéro représenta­nt élu des chasseurs. Si l’AFB prend le pas sur l’office, elle va le faire sur le budget. Ce qui revient à dire qu’annuelleme­nt, nous allons donner 80 millions d’euros à un organisme composé à 80%, voire 90 % de personnes, qui ne portent pas l’amour que nous avons pour la chasse. » Là encore, le député-maire abondait : « Le président a totalement raison. L’argent des chasseurs doit servir à la chasse. Aux missions qui sont les vôtres. Ce n’est pas aux chasseurs d’aller financer des organismes d’État. Il est scandaleux que vous ne soyez pas représenté­s correcteme­nt au sein de l’AFB. »

Bien-être animal

Autre point qui inquiétait sérieuseme­nt le président, la question du « bien-être animal ». Et Marc Meissel de viser plus particuliè­rement le programme d’Europe Écologie les Verts (EE-LV) . « Avec eux, c’est la fin assurée de la chasse. On doit réagir. Nous sommes au XXIe siècle, mais on marche sur la tête. Leur programme dépasse l’entendemen­t. Nous prenons soins de nos animaux domestique­s. Nous sommes des gens normaux, on ne fait pas souffrir les animaux. Les Verts veulent étendre ce bien-être animal aux animaux sauvages. Au niveau de la chasse, on tue parce qu’il faut faire des prélèvemen­ts. Comment va-t-on pouvoir justifier ça ? Avec cette approche, c’est la chasse en tant que telle qui sera remise en question, et à terme, interdite. L’animal est considéré au même titre que l’homme. On en est là. C’est aberrant. On va bientôt leur demander de voter…» Autant de dossiers que la fédération départemen­tale entend bien suivre de près dans les jours qui viennent. Tout particuliè­rement à l’horizon des échéances électorale­s à venir.

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(Photo M. B.) Quelque  chasseurs étaient réunis hier en assemblée générale à la salle polyvalent­e de Trans-en-Provence.

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