Jeudi « Présidentielle : pour analyser les déclarations des uns et des autres, il vaut mieux faire appel à Sigmund Freud qu’à René Rémond. »
Vertudieu ! Le suspense est à son comble, nos quatre lascars, dans l’ordre alphabétique, Fillon, Le Pen, Macron et Mélenchon se tiennent dans un écart de trois points selon les derniers sondages, c’est-à-dire la marge d’erreur reconnue pour ce type d’enquête. Tout devient donc
possible le avril, même un second tour Mélenchon-Le Pen qui mettrait vraiment la France c… pardessus tête. La dynamique de cette campagne s’est faite autour de Jean-Luc Mélenchon avec l’incroyable complicité objective de la quasitotalité de la classe politique. Les pourfendeurs de l’extrême droite ont vu dans le programme réputé populiste de la France insoumise un moyen de déstabiliser Marine Le Pen et la droite classique une grenade qui dynamiterait la gauche, faisant ainsi d’une pierre deux coups. Quant au PS et à son candidat Benoît Hamon, ils ont raisonné selon un schéma éculé qui, il faut le reconnaître, a fonctionné pendant soixante ans. Autour d’un Parti socialiste hégémonique, les autres sensibilités de la gauche faisaient un tour de manège au premier tour de la présidentielle, grappillant ainsi les voix dans tous les rabicoins doctrinaux, des trotskistes et ana rcho libertaires aux écolos et radicaux de tout poil. Une fois cette opération de mobilisation terminée, tout ce joli monde, tel des vestales en procession, venait faire offrande des suffrages ainsi collectés au grand Moloch socialiste qui les engloutissait sans même un merci. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Mélenchon – qui semble sur cette affaire frappé d’une étonnante amnésie – en appelant à voter François Hollande en . Hamon et Cambadélis, suivant l’ensemble des commentateurs, ont cru que le processus se reproduirait. Tels des apprentis sorciers, ils voient, aujourd’hui, leur créature leur échapper et piller le fonds de commerce dont ils ont, eux-mêmes, sapé les fondations.