Var-Matin (La Seyne / Sanary)

NOS TRÉSORS

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La lampe de mineur, exposée au musée de la Mine et du Cuivre de La Croix-sur-Roudoule, devait toujours être rapportée à la lampisteri­e, seul moyen de savoir que celui à qui elle avait été attribuée, était bien remonté après sa journée de travail Du XVIIe siècle jusqu’à l’abandon de la concession en 1929, les mines de cuivre Le Cerisier et la Léouvé donnaient du travail à tous les Crousencs, habitants de La Croix-sur-Roudoule, commune du haut pays niçois. C’est en effet aux abords de La Croix que se trouvaient deux des six mines de cuivre de la région. Les mines de Le Cerisier et la Léouvé, reliées en 1875, fournissai­ent à elles seules 70 % de la production française. Aujourd’hui, seuls quelques objets, exposés au musée de la Mine et du Cuivre, nous ramènent à l’époque où l’extraction du minerai faisait vivre l’arrière-pays niçois. Particuliè­rement, une petite lampe en acier et cuivre qui, plus que tout autre outil, représente la mémoire de ce passé minier. Avant de descendre dans les galeries, le mineur s’équipait dans la salle des « pendus », où un système de poulies permettait de suspendre les équipement­s. Puis, il passait à la lampisteri­e où étaient nettoyées et entreposée­s « lou làmpi » de minaire. Chaque mineur possédait un jeton avec un numéro, qui lui avait été attribué dès son premier jour de travail. En échange de ce jeton, il recevait sa lampe, gravée du même numéro. Le soir, il rendait sa lampe et récupérait son jeton. Le lampiste savait alors qu’il était bien remonté.

Elle devient l’emblème de la corporatio­n

L’ensemble des outils, pics à tête ou à veine, masses, pelles, ainsi que lampes, appartenai­ent à la concession. Pourtant, lorsqu’un mineur quittait la mine, il faisait tout pour garder sa lampe. Car, comme le racontent les anciens, souvent fils de mineurs, « tous voulaient la conserver comme un souvenir, un hommage. Sous terre, le mineur n’était rien sans lou calen dé la mine (la lumière de la mine). Elle l’accompagna­it, le précédait, elle était toujours là, fidèle. Au loin dans la galerie, d’autres làmpi de minaire se répondaien­t comme une fraternité de lampes. C’est pour ça que, de la simple chandelle aux torches électrique­s, la lampe a fini par devenir l’emblème de la corporatio­n ». Elle finissait parfois en usage domestique, mais la plupart du temps, elle était conservée comme un trophée. Lorsque les gisements ont fermé, la Compagnie des mines de La Croix, société concession­naire, est repartie avec les équipement­s. En conséquenc­e, peu d’objets miniers sont arrivés jusqu’à nous. Aussi, cette lampe, haute de 52,5 cm et de 11 cm de diamètre, installée sur les étagères du musée est un véritable témoignage, si ce n’est un héritage. On ne sait pas de qui elle fut la flamme, ni ce qu’il advint d’elle avant de se poser là. Mais une chose est certaine, sa patine prouve qu’elle a bien parcouru les 6 000 m linéaires des huit galeries des mines de cuivre de la Croix-sur-Roudoule.

NELLY NUSSBAUM

◗ Sources : Musée de la Mine et du Cuivre, hameau de Léouvé, La Croix-sur Roudoule. La vie quotidienn­e des mineurs au XIXe siècle, École Départemen­tale des Arts et du Patrimoine des Alpes-de-Haute-Provence.

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(©EditionsLa­Roudoule,Puget-Théniers) Les mineurs suspendaie­nt leur lampe lorsqu’ils travaillai­ent. Ils la récupéraie­nt une fois leur travail terminé. Elle permettait aussi au chef de situer ses ouvriers.
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(©Ecomusée de la Croix-sur-Roudoule) Cette lampe de mineur est un des  objets à voir à l’Ecomusée, labellisé Musée de France.

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