François Hollande veut « rassembler les mémoires »
Le Président a commémoré les 100 ans de la bataille du Chemin-des-Dames qui marqua le début des mutineries lors de la Première Guerre mondiale
En pleine campagne présidentielle, François Hollande a appelé à préserver « l’Europe unie » ,en venant commémorer hier ce qu’il a appelé « l’enfer » de la bataille du Chemin-desDames, l’un des épisodes de la Première Guerre mondiale les plus occultés de la mémoire collective, il y a tout juste cent ans. « Aujourd’hui que l’Europe a su nous prémunir de la guerre et des conflits, préservons-là plutôt que d’en faire le bouc émissaire de nos renoncements », a déclaré le chef de l’État devant la chapelle du mémorial de Cerny-en-Laonnois (Aisne). Alors que plusieurs candidats à l’élection présidentielle évoquent une sortie de l’Union européenne, il a rappelé que « l’Histoire bégaie quand le nationalisme ressurgit avec d’autres traits », incitant à «repenser aux institutions et aux actes qui ont garanti la paix depuis 70 ans » notamment « le couple franco-allemand qu’il nous faut encore rapprocher et chérir ».
« Symbole de paix et de rassemblement »
Aux côtés de l’ambassadeur d’Allemagne, Nikolaus MeyerLandrut, le chef de l’État, dont un grand-père servit comme sergent dans l’infanterie au Chemin-des-Dames, s’est recueilli sous un soleil voilé au cimetière allemand qui rassemble les restes de plus de 7 500 soldats, après
avoir remonté seul l’allée centrale de la nécropole nationale où reposent 5 150 soldats français. Grave et émouvante, la cérémonie officielle – la dernière grande commémoration du quinquennat – a été rythmée par des chants et des lettres de soldats, français mais aussi allemands, lus par des jeunes et l’acteur André Dussolier. « Il y a un siècle le Chemin-des-Dames fut un enfer, un parcours d’effroi et de souffrances
», c’est « aujourd’hui un symbole de paix et de rassemblement », a souligné encore François Hollande, appelant à « la réconciliation de toutes les mémoires ». En début de matinée, le chef de l’État s’était rendu sur le Plateau de Californie, un des lieux emblématiques de la bataille situé à quelques kilomètres du village martyr de Craonne, accompagné de l’ex-Premier ministre Lionel Jospin, du ministre de la Défense
Jean-Yves Le Drian et du président du département Nicolas Fricoteaux (UDI). « Votre présence est un aboutissement mais aussi une rupture car ce lieu a été marginalisé dans l’Histoire de France », lui a glissé Nicolas Offenstadt, historien associé aux commémorations, tout en affirmant que la venue de Lionel Jospin en 1998 avait contribué à créer « un regain d’intérêt » pour cette bataille longtemps reléguée dans l’ombre.