Chaos à Bastia
De violentes échauffourées ont émaillé la rencontre entre le club corse et Lyon, hier après-midi. Le match, d’abord reporté, a finalement été arrêté à la pause
Deux débuts de bagarres générales, des joueurs lyonnais qui s’engouffrent dans leur bus pour quitter précipitamment le stade Armand-Cesari, avant d’en redescendre, l’air perdu : la rencontre entre Bastia et Lyon, définitivement arrêtée à la mi-temps (le score était de 0-0), a donné lieu à des scènes de chaos, hier en Corse. La semaine est décidément très agitée pour les Lyonnais, qui avaient déjà débuté leur quart aller d’Europa League avec 45 minutes de retard jeudi face à Besiktas, la faute à l’envahissement du terrain par des supporters lyonnais voulant se mettre à l’abri de jets de pétards et de projectiles lancés par leurs homologues turcs.
Genesio : « On ne va pas à la guerre »
A Bastia, ce sont des supporters corses qui ont envahi la pelouse. Une cinquantaine d’entre eux, provenant de la tribune occupée par les Ultras Bastia 1905, ont interrompu l’échauffement des Lyonnais en les prenant brièvement mais violemment à partie. « Faut arrêter, faut arrêter hein, ils ont frappé les joueurs », déclare dans la foulée l’entraîneur lyonnais Bruno Genesio à son président Jean-Michel Aulas dans les couloirs du stade. «On ne va pas à la guerre », bougonne encore Genesio en retournant dans son vestiaire. A l’issue d’une réunion entre les deux capitaines, le Lyonnais Maxime Gonalons et le Bastiais Yannick Cahuzac, les deux présidents de clubs Pierre-Marie Geronimi et Jean-Michel Aulas, l’arbitre de la rencontre Amaury Delerue, le délégué de la Ligue de football professionnel (LFP) et la préfecture, décision a été prise de jouer la rencontre, avec près d’une heure de retard. Toutefois, aucune des deux équipes n’est entrée dans son match lors de la première mi-temps. Et au retour aux vestiaires, une altercation a éclaté entre le gardien lyonnais Anthony Lopes et le secrétaire général de Bastia, Anthony Agostini. Elle a rapidement dégénéré en de nouvelles échauffourées qui ont duré moins d’une minute. Le match a ensuite été officiellement arrêté par la LFP, qui a « condamné avec la plus grande fermeté » ces incidents dans un communiqué.
Contexte explosif
Une enquête en flagrance pour « violences » a été ouverte sur ces faits, a annoncé le procureur de la République Nicolas Bessone. Le contexte est bouillant depuis plusieurs semaines à Bastia, où des groupes de supporters réclament la démission des dirigeants de la lanterne rouge de L1. Ces débordements peuvent aussi avoir pour explication les mots de l’ancien entraîneur corse, François Ciccolini, qui après un match aller tendu à Lyon avait déclaré : « Il va falloir venir chez nous. Il ne faut pas avoir la grippe quand tu vas venir à Bastia, ni la gastro car cela va se régler comme d’habitude, comme des hommes, comme des Corses ». Ces échauffourées risquent de coûter très cher au SCB, visé dès jeudi par l’ouverture d’une procédure disciplinaire. Le Sporting venait d’enregistrer la réouverture de sa tribune Est, fermée pour trois journées à la suite de cris racistes proférés contre l’attaquant niçois Mario Balotelli fin janvier. A cette occasion, la commission de discipline de la LFP avait infligé à Bastia le retrait d’un point avec sursis. Pour les Lyonnais, les conséquences pourraient être davantage sportives. Déjà perturbés par le contexte extrasportif de leur quart aller d’Europa League, ils joueront jeudi dans un autre stade bouillant, celui de Besiktas. Une énième épreuve.