Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vingt-trois ans plus tard, cinq des sept députés condamnés à l’exil

- ANDRÉ PEYREGNE RÉGINE MEUNIER

En , cinq députés de notre région furent rattrapés par la loi du  janvier, prise sous Louis XVIII, une fois la royauté rétablie en France après l’empire, condamnant à l’exil les députés qui avaient voté la mort de Louis XVI. Escudier fuit à Tunis. Amnistié, il revint mourir à Toulon en . Ricord, qui s’était lié à Bonaparte lors du siège de Toulon en , dut s’exiler en Belgique. Même pays d’exil pour Roubaud qui, ayant abandonné la politique, fit représente­r à Bruxelles une tragédie écrite par lui, Prénislas. Il est décédé en  dans cette ville. C’est également à Bruxelles qu’a fui Barras – après avoir eu un rôle sanguinair­e dans le Var durant la Terreur qui a suivi la Révolution et avoir, en particulie­r, fait arrêter à Nice son collègue Espinassy, qu’il ne jugeait pas assez « révolution­naire ! » Ce dernier, lui, a fui en Suisse à Lausanne, où il est mort en . Charbonnie­r est décédé à Toulon en , après avoir été emprisonné au Plusieurs assortisse­nt leur vote de commentair­es. - Charbonnie­r :« Si j’étais sûr que demain les puissances de l’Europe reconnaiss­ent de bonne foi la République française, je voterais la grâce de Louis ; mais si elles font des préparatif­s, ne vous y trompez pas, c’est uniquement pour le remettre sur le trône… Le roi que vous avez à juger fut un tyran, un assassin ; ses forfaits sont sans nombre ; il a mérité la mort; le salut de la patrie exige qu’il la subisse, l’intérêt public le demande. » - Isnard :« J’ai déjà dit à cette tribune que si le feu du ciel était dans mes mains, j’en frapperais tous ceux qui attenterai­ent à la souveraine­té du peuple. Fidèle à mes principes, je vote pour la mort. Je demande aussi que les deux frères du roi émigrés soient jugés par le tribunal criminel. » - Roubaud :« Le roi ne vous a-t-il pas déjà prouvé qu’il ne désirerait pas mieux que de s’évader et d’aller joindre les collaborat­eurs de contre-révolution ? À peine l’auriez-vous envoyé à vos ennemis, qu’ils le feraient généraliss­ime de leurs armées. » - Antiboul dit en substance : « J’ai été élu comme homme politique et non comme juge. Je condamne donc l’action du roi mais refuse de condamner l’homme ». Il vote donc non à la mort du roi, étant favorable à un emprisonne­ment temporaire ou définitif. Au soir du 17 janvier, dans la lumière lugubre des dernières bougies, où les (Photo DR) gens sont épuisés par la longueur des débats, le verdict tombe : 387 votes sur 721 exprimés sont pour la mort du roi. Le roi est condamné à la guillotine. Des applaudiss­ements embrasent la salle. La dernière question est soulevée le 19 janvier : l’accusé peut-il bénéficier d’un sursis ? Le vote dure jusqu’à deux heures du matin. Le résultat tombe : 380 non sur les 690 suffrages exprimés. Vers 14 heures, en ce 20 janvier, une délégation chargée de notifier le verdict au condamné est envoyée à la prison du Temple où il est enfermé. La prison du Temple, aujourd’hui détruite, se trouvait au nord du quartier du Marais à Paris. Voyant arriver son avocat en pleurs, le roi a compris. Au matin du 21 janvier 1793, sur l’actuelle place de la Concorde, Louis XVI Fort Lamalgue en  pour avoir essayé de faire libérer des terroriste­s emprisonné­s à Marseille. Isnard, lui, vira de bord et devint conservate­ur. Pour ne pas être arrêté en , il se fit passer pour mort. Réélu en , il se rallia en  à Napoléon. S’étant fait remarquer en allant prier de manière ostentatoi­re à la mémoire de Louis XVI sur le lieu de son exécution, il a échappé à la loi anti-régicide du  janvier . Il mourra dans l’anonymat à Grasse en . monte à l’échafaud. Il dit au bourreau : « Que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français ! » Le couperet de la guillotine tombe. Il est 10 heures 22. Le roi est mort. Vive la République ! Le peuple de France quitte la place de la Concorde et s’en va vers les années de Terreur qui vont suivre la Révolution. Roubaud se retirera de la vie politique. Cinq seront rattrapés par la loi du 12 janvier 1816 promulguée par Louis XVIII, une fois la royauté rétablie sur la France – une loi condamnant à l’exil ceux qui avaient voté la mort de Louis XVI (lire ci-dessus en encadré). Charbonnie­r mourra en 1808 à Toulon. Quant à Antiboul, jugé trop indulgent, il sera arrêté en 1793 par les Révolution­naires et guillotiné. Il était le seul à ne pas avoir voté la mort du roi ! « Le vendredi 12 juin 1366, le paisible village de Tourves était mis en émoi. Vers neuf heures du matin, des enfants vinrent en jouant réveiller un jeune berger qui faisait paître ses brebis au bord du chemin public qui se trouve entre le village de Tourves et le château de Seysson Au moment où le pâtre se retournait pour voir qui le hélait, les enfants aperçurent tout à coup des pièces d’argent qui sortaient du sol par un trou d’abord si petit qu’on pouvait à peine y passer les doigts. Ayant bouché le trou avec leurs mains, les monnaies se mirent à jaillir un plus loin d’un autre trou, telle l’eau d’une fontaine, et en si grande quantité que les habitants du village en emportèren­t, dans leurs bourses, leurs poches et jusque dans leurs tabliers, de quoi former la charge de vingt mules. » Ce texte qui date de 1903, est signé Henry de GérinRicar­d, archéologu­e (1864-1944), et Arnaud d’Agnel (1871-1952), un abbé historien de la Provence, tous deux nés à Marseille. Il est basé sur des faits consignés dans un acte des registres de la Cour des comptes de Provence avec un dessin représenta­nt une pièce. Ce qui les authentifi­e même s’ils ont pu être embellis au fil du temps et des narrations.

Sorcière et maléfice au bout de l’actuelle rue Rougiers

Quarante-deux millions de pièces seraient ainsi sorties de terre. Et il y en avait encore que les Tourvains n’ont pas pu récolter. La faute à une femme « qui fendit la foule en criant : “Ma part ! Ma part !”, racontent encore les deux historiens, mais au moment où elle se disposait à prendre son lot de trésor celui-ci disparut soudain. Sans doute, on la prit pour une sorcière et les assistants ne manquèrent pas de tirer de mauvais présages de cette disparitio­n subite et explicable pour eux, seulement par un maléfice. » Cette monnaie aurait été enfouie au IIe siècle avant Jésus-Christ. Il s’agirait de pièces antiques de Marseille, avec sur une face une tête d’Apollon et sur l’autre les lettres MA pour Massalia. Selon Claude Arnaud, président de l’associatio­n Histoire populaire tourvaine, qui a exhumé cette aventure, « le lieu de la découverte se situerait aujourd’hui au bout de l’actuelle rue Paul-Rougiers, ancienneme­nt rue de Marseille, dans les environs de la chapelle SaintFranç­ois et de la maison des Rocassets au pied de la colline du château de Valbelle ». Ce château s’élève à l’emplacemen­t même de Torrevès, un des trois castrum ayant existé sur Tourves. Des deux autres, Seysson, voisin immédiat de Torrevès, et Gaylet sur la route de Toulon, il ne reste que des ruines. Le bout de l’actuelle rue Rougiers faisait partie de cette voie empruntée par les marchands phocéens commerçant avec l’Italie mais aussi avec les colonies marseillai­ses d’Antipolis (Antibes), de Nicaea (Nice) ou encore de Portus Herculis Monocci (Monaco). Cette route venait se greffer sur la voie aurélienne à l’emplacemen­t de Tourves. Qui a caché ces pièces ? Peut-être un particulie­r qui pensait mettre sa fortune à l’abri ou selon l’hypothèse d’Henry de Gérin-Ricard et de l’abbé Agnel, des Celto-Ligures qui auraient pillé le Trésor public des Massaliote­s au cours d’un transfert d’argent. C’est sans doute un phénomène géologique qui a craché une partie des pièces et avalé le reste, qui gît peut-être encore dans les entrailles de la terre. 1. Du château de Seysson, il ne subsiste que des

Les Tourvains auraient récupéré  millions de pièces comme celle-ci avant que le reste ne soit englouti au bout de l’actuelle rue Rougiers. (Photo DR)

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(Photo DR) L’exécution de Louis XVI le  janvier .
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(Photo DR) En , Louis XVIII (cidessus) émet une loi condamnant à l’exil tous les députés qui ont voté en  la mort de Louis XVI.
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