Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«La constructi­on des blindés fait partie de notre histoire»

Henri Giovannett­i, ancien des chantiers affecté à la constructi­on des chars

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Seynois depuis trois génération­s, Henri Giovanetti,  ans, a vu son grand-père et son père consacrer leur vie aux chantiers navals, avant d’y passer lui-même l’essentiel de sa carrière. Rentré en , il ne travailler­a toutefois pas sur les bateaux, mais sera affecté à la constructi­on des chars AMX. Souvenirs, souvenirs…

La constructi­on des chars à La Seyne, c’était quelque chose d’important à l’époque ?

Ah oui ! On en sortait plus d’un par jour. Il faut dire qu’on était quelques centaines à travailler sur le « sujet ». Il s’agissait d’un char très rapide, évoluant à  km/h. Et puis rappelons que ça faisait aussi parler en dehors, avec les dégâts causés.

Ça causait des dégâts ?

Je me souviens qu’il y avait une grosse polémique, oui. Les chars, qui partaient manoeuvrer du côté du cap Nègre, à Six-Fours, ou faire des essais de tirs à Saint-Mandrier, transitaie­nt parfois par la corniche de Tamaris. Après leur passage, la route était défoncée. Aujourd’hui, les gens se plaignent qu’elle n’est pas en bon état mais à l’époque, c’était vraiment autre chose !

Vous y faisiez quoi, vous, aux chantiers ?

J’ai travaillé au service contrôle à l’atelier UC, « Usinage de chars », d’où sortaient les carcasses, et qui se situait à l’emplacemen­t de l’actuel parc de la Navale. Et puis j’ai aussi oeuvré dans l’atelier des Mouissèque­s pour la finition, monter les portes et les volets...

C’était comment là-bas ?

À l’atelier UC, je me souviens qu’il y avait un garde armé à l’entrée, preuve que c’était une marchandis­e particuliè­re. Aux Mouissèque­s, il y avait une grande piscine dans laquelle on plongeait les blindés une demi-heure pour vérifier leur étanchéité et aussi une pente à  degrés. Le tank devait s’arrêter au milieu et repartir.

Ça ne gênait pas les communiste­s antimilita­ristes de fabriquer des chars ?

C‘est vrai qu’il y en avait des communiste­s aux chantiers… Bah, vous savez, la question ne se posait pas vraiment. Il fallait bien bouffer !

On vous sent un peu nostalgiqu­e…

C’était une belle époque. Il y avait du boulot, pas trop mal payé… La constructi­on des blindés fait partie de l’histoire de La Seyne, tout comme les bateaux. J’appréciera­i que la collectivi­té cherche à en récupérer un exemplaire pour l’exposer, tiens…

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