Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le Pradet : le nouveau visage de la falaise balafrée

Les travaux d’urgence de sécurisati­on de la falaise du Pin-de-Galle viennent de se terminer. Pas question pour l’instant de rouvrir les cabanons condamnés après le glissement de terrain

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Devant, rien n’a changé. La mer est toujours aussi bleue. Dans le dos des cabanons du Pin-de-Galle en revanche, il y a eu du mouvement pendant l’hiver. La cicatrice laissée par le glissement de terrain de décembre 2014 n’est plus qu’un souvenir. La pente abrupte n’a pas retrouvé son visage d’antan, mais la balafre a laissé place à une descente plus douce et aménagée. Oublié l’éboulis. Désormais un chemin (fermé au public) serpente du parking au village de pêcheurs. « De janvier à avril, les entreprise­s ont pu réaliser les travaux de sécurisati­on de la colline » annoncent en choeur Richard Hababou et Michel Fortunat, responsabl­es de la SCI de la Calanque.

L’urgence, deux ans après

Durant l’hiver, bénéfician­t de conditions météo clémentes, les engins de chantier ont en effet adouci le profil du sommet de la colline et évacué une partie de la terre qui avait glissé. Ils ont aussi tracé ce chemin, créant des restanques destinées à contenir tout nouveau mouvement de terrain. Des travaux qualifiés « d’urgence », bien que réalisés plus de deux ans après la catastroph­e

et pilotés par l’expert jucidiaire nommé par le tribunal. « Il va maintenant falloir travailler un peu pour mieux diriger les eaux de ruissellem­ent de la colinne afin qu’elles ne dévalent pas la pente », précise Richard Hababou.

Sécurisés mais toujours interdits

Ces travaux de sécurisati­on effectués ne signifient cependant pas le retour à la normale pour la vingtaine de cabanons inaccessib­les en raison d’un arrêté municipal de péril. Il

reste valable jusqu’à nouvel ordre. « Je serais ravi de pouvoir autoriser à nouveau ces familles à accéder à leur maison, assure Hervé Stassinos, le maire du Pradet. Mais lorsqu’on a demandé à l’expert judiciaire si c’était possible, il s’est prononcé contre. Il veut d’abord regarder ce que donnent les relevés. » Outre la mise en sécurité du site, l’expert a en effet mobilisé la science. Il fait poser différents capteurs dans le soussol de la calanque pour observer le niveau de la nappe phréatique ou déceler des variations d’inclinaiso­n de la falaise. Il a aussi fait réaliser plusieurs carottages du sous-sol (jusqu’à une cinquantai­ne de mètres de profondeur) pour connaitre la nature du sol et sa capacité à résister à la pression de l’eau. En fonction de ce qui diront les relevés, il décidera s’il est prudent – ou non – de rouvrir les cabanons. « On a déjà perdu tellement de temps qu’on n’est plus à six mois près », soupirent philosophe­s les cabanonier­s. « Ce qui est déjà établi par un autre expert en revanche, c’est qu’il y a une corrélatio­n entre la pression que subi la falaise et le niveau de la nappe phréatique du Plan de La-Garde, précise Richard Hababou. Donc, on peut conclure que la cause du glissement de terrain est à chercher ailleurs que dans la calanque… Ce qui veut bien dire que la mairie est responsabl­e ! »

Dialogue de sourds

Si le visage du Pin-de-Galle a été modifié, la nature des relations entre la SCI qui regroupe les cabanonier et la mairie ne s’est pas adouci pendant l’hiver. Chacun campe sur ses positions et estime qu’il ne peut être seul à assumer le coût des travaux… et attend que la justice lui donne raison. « La mairie dit qu’elle ne veut pas pénaliser les contribuab­les pradétans pour une affaire privée, mais c’est son assurance qui prendrait en charge les travaux, alors on ne comprend vraiment pas pourquoi elle tarde tant », peste la SCI. « Il n’y a aucune responsabi­lité établie contre la mairie, rétorque Hervé Stassinos. Et quand bien même je le voudrais, il me serait impossible de faire réaliser des travaux avec de l’argent public sur des terrains privés. » La procédure promet encore quelques grincement­s du côté du Pin de Galle…

 ?? (Photos P.-H. C. ) ?? Pendant l’hiver, les engins de chantier ont raboté le sommet de la falaise pour adoucir la pente. Ils ont aussi réalisé des forages et installé des capteurs (photo en médaillon) qui doivent permettre de mieux comprendre les caprices du terrain.
(Photos P.-H. C. ) Pendant l’hiver, les engins de chantier ont raboté le sommet de la falaise pour adoucir la pente. Ils ont aussi réalisé des forages et installé des capteurs (photo en médaillon) qui doivent permettre de mieux comprendre les caprices du terrain.

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