Cannes-Torcy : l’improbable petitfils d’un pianiste du Moulin-Rouge
Victor Guevara, ans, est l’un des hommes jugés depuis le avril par la Cour d’assises spéciale de Paris pour leur appartenance à une cellule djihadiste. Ils sont accusés d’avoir commis un attentat à la grenade contre une épicerie casher en et de projets d’attaques, notamment dans le sud-est de la France.
Il a le nom d’un révolutionnaire argentin. Il est aussi l’héritier d’un musicien équatorien qui a joué au Moulin-Rouge. Un accusé atypique a expliqué, hier lors du procès de la filière djihadiste de Cannes-Torcys, sa défiance des thèses officielles, du darwinisme au 11-Septembre. Victor Guevara, 28 ans, est l’un des 20 hommes jugés depuis le 20 avril par la Cour d’assises spéciale de Paris pour leur appartenance à une cellule djihadiste, accusés d’avoir commis un attentat à la grenade contre une épicerie casher en 2012 et de projets d’attaques, en région parisienne et dans le sud-est de la France.
Il comparaît libre, a le bagout d’un bon élève, l’assurance du croyant : « Je suis musulman. L’islam m’a structuré. Si je suis là, ce n’est pas à cause de la religion mais à cause de Jérémie Louis-Sidney », le chef du groupe, réputé fanatique et tué lors de son interpellation.
Il se convertit à Cannes
Il raconte sa famille comme un bon roman, avec un certain plaisir : « Mon père est venu d’Équateur, avec mon grand-père qui était musicien, qui a été le pianiste du Moulin-Rouge » à Paris. « Vous vous souvenez peut-être du groupe Chagrin d’amour », dont il fut producteur, «etdu
tube Chacun fait (C’qui lui plaît) ?» Son père, athée, est « devenu trader », sa mère « a travaillé chez Chanel place Vendôme » et « fabrique des bijoux qu’elle vend sur Internet ». Une vie de bohème de luxe où il lui manque «un cadre » qu’il trouvera dans l’islam après une série de « bêtises » (trafic de drogue et vol). Pour échapper à la récidive, il quitte Paris pour Cannes, hébergé chez un copain, lui aussi accusé dans cette affaire. C’est à Cannes qu’il se convertit. Cuisiné sur son rapport au djihad, il répond qu’il n’a « jamais légitimé les attentats ». Interrogé sur ce qu’il pense du 11-Septembre,
il répond: « Est-ce que je crois à la version officielle ? Est-ce que je crois à l’immaculée conception, oui... ». Puis, pour expliquer ses doutes, il rappelle que l’administration américaine avait déclaré, à tort, « qu’il y avait des armes de destruction massives en Irak ». L’accusation insiste : qu’a-t-il trouvé dans le Coran qu’il n’avait trouvé ailleurs ? Prenons la théorie de l’évolution : « À l’école, dit-il, quand on a un contrôle, si on ne donne pas la version de Darwin, on a zéro. Moi je ne suis pas d’accord ». Pourquoi ? « Darwin dit que je descends d’un singe, le Coran dit que je descends du paradis. C’est plus valorisant. » Par quels trafics et entre quelles mains ont transité les armes du tueur de l’Hyper Cacher Amédy Coulibaly? L’enquête sur les attentats de janvier à Paris a conduit depuis lundi à une douzaine interpellations en France et en Belgique, dont celles de trafiquants d’armes présumés. L’opération menée par la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire vise notamment un ex-douanier et des trafiquants d’armes présumés. Parmi eux, Claude Hermant, ans, ancien mercenaire pendant la guerre en exYougoslavie, proche des milieux de l’extrême droite nordiste, a expliqué une source proche de l’enquête. Interrogé en garde à vue hier avec sa femme, il a été extrait de la cellule où il est incarcéré pour un dossier de trafic d’armes instruit à Lille. Les investigations sur les attaques djihadistes contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher ont montré que les armes de Coulibaly avaient été achetées parmi des dizaines d’autres par une société de l’épouse de Hermant, Seth Outdoor, entre juillet et novembre . D’après l’enquête, ces armes venues de Slovaquie et démilitarisées étaient passées par un intermédiaire en Belgique avant d’être revendues à Seth Outdoor. Le couple avait déjà été interrogé en garde à vue en décembre sans être mis en examen.