L’effet clochettes
Ouest-Var Depuis des semaines, horticulteurs et fleuristes travaillent d’arrache pied pour que la tradition puisse être respectée lundi. Reportage à Ollioules chez le plus gros producteur français
Des serres d’Ollioules, où est installé le premier producteur français, à celles de La Crau, en passant par les fleuristes, le muguet reste un business florissant.
Les jours qui précédent le 1er mai sont toujours une épreuve pour Tanneguy de Valbray, premier producteur français de muguets en pot, dont les serres s’étendent sur un hectare à la limite entre Sanary et Ollioules. En effet, la période est sensible car c’est là que ce professionnel réalise, en l’espace de quelques jours, près de 40 % de son chiffre d’affaires annuel. Responsable de 6 à 9 salariés durant l’année, il en a embauché une centaine au printemps, ce nombre pouvant aller jusqu’à 180 suivant les saisons. La maind’oeuvre est primordiale pour trier le muguet, surtout quand celui-ci est de moindre qualité. Toutefois, la récolte de cette année est «bonne» selon M. De Valbray. La météo n’est d’ailleurs pas une problématique pour cet horticulteur : « La culture du muguet se réalise dans les serres, nous pouvons ainsi réguler la température pour qu’elle soit optimale, à savoir entre -2 et 0° ». Contrairement à certaines saisons passées, M. De Valbray n’a pas rencontré cet hiver de problème de gel, principal ennemi du muguet.
« Savoir se montrer zen et patient »
Lorsque les plantes arrivent à maturité, l’horticulteur les place dans une chambre froide afin de stabiliser leur croissance : « Ce procédé permet de les préserver jusqu’à ce qu’elles soient vendues, car la fenêtre de tir est très étroite ,explique-t-il. Le muguet se cultive jusqu’au dernier jour. Le timing doit être parfait, on ne peut pas se permettre la moindre erreur ». Dans le circuit depuis près de 40 ans, M. De Valbray assure qu’« il faut savoir se montrer zen et patient, sinon ce n’est pas la peine de se lancer dans une telle aventure » Avec environ 780 000 muguets cultivés cette année, l’exploitation de M. De Valbray est une véritable usine... naturelle. Sa production est telle qu’il l’expédie à travers toute la France, notamment dans les régions Paca, Rhône-Alpes, Paris et le Sud-Ouest : « Les commandes prises dans ces régions représentent des dizaines de milliers d’euros, c’est pourquoi je restreins le marché local, trop limité». De surcroît, le cultivateur ouestvarois prend également en charge la logistique pour livrer les plantes directement chez les clients ; un travail conséquent qui demande beaucoup d’énergie.
« Atteindre la barre des pots »
Chaque année, l’horticulteur réalise des sondages auprès de ses clients, en amont de la production, afin de déterminer le nombre de pieds à planter. Cependant, la récolte est régulièrement inférieure aux commandes (de l’ordre de1 à 2 % de la production, soit 15000 pots!). Du coup, M. De Valbray envisage « d’augmenter la production l’année prochaine, et pourquoi pas atteindre la barre des
900 000 pots comme en 2007 ». Conscient de la magie qui entoure son métier, il est
plongé chaque printemps dans l’incertitude de pouvoir livrer les Français à temps. « On sait ce qu’on
plante, jamais ce qu’on va récolter » déclare M. De Valbray, sourire en coin...