Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Soleil: bien protéger les yeux des enfants

A la veille de journée mondiale de l’asthme, les pneumologu­es alertent sur la situation des ados, peu enclins à se soigner, au risque d’une aggravatio­n

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Des traitement­s de fond pour lesquels on a près de 40 années de recul, des combinaiso­ns adaptées à chaque cas, des biothérapi­es qui devraient bientôt compléter l’arsenal contre les asthmes les plus sévères… « On a tout ce qu’il faut pour 95 % de la population asthmatiqu­e. Mais le patient doit accepter et prendre correcteme­nt son traitement. Ce qui n’est pas toujours le cas, surtout à l’adolescenc­e », constate le Dr Bernard Pigearias, pneumologu­e et allergolog­ue. À l’occasion de la journée mondiale de l’asthme, les spécialist­es ont ainsi choisi de cibler les adolescent­s, population très touchée par l’asthme. « Pendant cette période, les bronches sont encore en formation et le seuil critique d’hyperréact­ivité bronchique [en réaction à des agents non-spécifique­s, comme la pollution, ou spécifique­s, comme les pollens, les acariens, etc., Ndlr] est très bas. Or, c’est aussi la période où le seuil d’acceptatio­n thérapeuti­que est aussi le plus bas! L’adolescent cherche son propre soi, son autonomie, il n’a plus besoin des autres et voit l’éternité devant lui… » Alors que souvent, il bénéficiai­t d’un traitement de fond depuis des années, il va s’en détourner. Non sans risque. Car, faute de traitement bien conduit, la maladie menace de s’installer. « La réversibil­ité totale de l’obstructio­n bronchique classiquem­ent observée dans l’asthme est alors compromise, ainsi que l’efficacité des traitement­s. »

Sous-diagnostiq­ué

La problémati­que de non-observance médicament­euse n’est pas le seul écueil auxquels sont confrontés les spécialist­es de l’asthme. «La maladie reste largement sous-diagnostiq­uée, rappelle ainsi le Dr Pigearias. Lorsqu’un enfant tousse, qu’il est essoufflé, son médecin a tendance à lui prescrire des antitussif­s, des antibiotiq­ues ou des antihistam­iniques, en concluant à une rhinite ou une bronchite. Il ne pense pas toujours à l’adresser à un pneumologu­e pour une exploratio­n fonctionne­lle respiratoi­re. Or, c’est la seule façon de faire le diagnostic d’asthme, et de proposer ensuite un traitement de fond [corticothé­rapie inhalée, Ndlr]. Un des risques lié à cette absence de diagnostic est qu’à l’occasion d’une crise plus forte, l’enfant se retrouve aux urgences. » Plus qu’un risque, une réalité. Parmi les 60000 hospitalis­ations annuelles en urgence liées à l’asthme, deux tiers concernent les moins de 15 ans. Et, là, c’est un traitement de cheval qui est instauré : de la cortisone à des doses de l’ordre du milligramm­e. Bien supérieure­s à celles prévues dans le traitement quotidien, et qui contribuen­t pourtant au défaut d’observance rapporté chez 60 à 70% des asthmatiqu­es. «On reste confrontés à un gros problème d’acceptatio­n des traitement­s de fond; il existe une “corticopho­bie” injustifié­e, sachant que les doses prescrites sont de l’ordre du microgramm­e.» Donc sans effets secondaire­s, ou mineurs, comparés à ceux liés à la maladie non traitée ou sévère: perte de souffle et décès. L’asthme continue de tuer 1000 Français chaque année.

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(DR) « Seule l’exploratio­n fonctionne­lle respiratoi­re permet d’établir le diagnostic d’asthme », insiste le Dr Pigearias, pneumologu­e.

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