pots préparés à La Crau
Les 2500 m2 de serres de la production Vignali, chemin de la Ruytèle à La Crau, sont une fourmilière. Une vingtaine de personnes, membres de la famille et employés saisonniers, y trient les pots, préparent les compositions florales, honorent les commandes. Le téléphone n’arrête pas de sonner, Martine Vignali n’a pas une minute à elle. À quelques jours du 1er mai, la production de muguet est à son apogée. 200 000 pots vont être préparés. Mais « c’est une production potentiellement risquée. Il ne faut pas se rater, ne pas s’exposer à la casse des griffes, par exemple », explique Gérard Vignali. Les griffes étant le muguet à son état primal, une racine et une petite tête apparente, comme un radis qui sort de terre. C’est l’effervescence, soit, mais c’est aussi une drôle d’aventure collective. «On ne serait rien sans ce personnel, les chefs d’équipe, les petites mains qui donnent forme aux compositions, livre Martine. Le midi, on déjeune tous ensemble. On est très soudé. C’est le même personnel qui revient chaque année. Et cela compte dans la qualité du produit. » Résultat : « Ça a fait boule de neige. Mes principaux clients sont au rendezvous depuis 25 ans ». Des fleuristes du bassin hyérois et du Grand Toulon, des grossistes de Rungis, Toulouse, Marseille ou Nice.
Les plants arrivent congelés d’Allemagne
Au début de la production, il y a d’abord un voyage à Hambourg, en octobre, où Gérard Vignali choisit ses lots. La griffe allemande est la plus réputée. Nés dans des terres sableuses ou tourbeuses du nord de l’Allemagne, les plants offrent une tenue plus longue et une couleur blanche stable aux clochettes. Arrivés à La Crau, on commence par décongeler les griffes qui voyagent par -3°C. La plantation a lieu du 22 au 24 mars. Les plants sont placés sous un plastique noir pour forcer la pousse jusqu’à 7 cm. Après 6-8 jours, on enlève le plastique et le muguet commence à pousser,
comme des endives ! «Sile muguet est en avance, des pompes envoient de l’air à 5°C. S’il est en retard, c’est de l’air chaud à 15°C. Cette année, on a refroidi parce que ça poussait trop vite. » Résultat : le muguet est sur le point d’éclore, juste au moment d’être offert à ceux qu’on aime. Au final, « le secret de la production du muguet, c’est d’aimer le muguet ! », résume joliment Gérard Vignali.