Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Gérer ses émotions pour retrouver le goût du travail

Le stress est omniprésen­t dans le milieu profession­nel, jusqu’à devenir insupporta­ble. Dans son dernier ouvrage, Sophie Morin donne des pistes pour mieux l’appréhende­r

- PROPOS RECUEILLIS PAR AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Pas une semaine sans que l’on n’entende parler de burn-out. Ce fameux épuisement profession­nel s’est insinué dans le monde du travail ces dernières années. Sophie Morin, psychothér­apeute, a publié aux éditions Odile Jacob Vivre mieux au travail : s’affirmer et réguler ses émotions. Elle y livre les clés pour réussir à reprendre pied et à retrouver le goût de bosser.

Qu’est-ce qui vous a conduite à écrire ce livre ?

Je suis psychologu­e du travail et j’ai des activités de conseil et de formation en entreprise. Dans ce cadre, j’ai l’habitude de rédiger des notes à l’adresse des dirigeants et salariés que je rencontre, et j’écris également des articles sur mon blog. J’ai pensé que compiler ces savoirs et cette expérience pourrait permettre de les rendre accessible au public, qui semble en avoir besoin. Et je n’ai pas assez de temps en consultati­on pour tout détailler ! (rires)

Comment a évolué le monde du travail ces dernières années ?

Avant, le travail était physique, les journées longues et les vacances exceptionn­elles. La situation semble meilleure aujourd’hui. Sommes-nous plus fragiles maintenant ? Non. Car mentalemen­t, on nous en demande beaucoup plus. On doit être plus efficace, plus rapide, en faire toujours plus, toujours mieux. Au point de puiser tout au bout de nos limites. Le cerveau souffre. D’autant qu’avec les technologi­es, les smartphone­s, les mails, on est constammen­t interrompu. Il est donc difficile de se concentrer et d’accomplir ses tâches sans être dérangé. Combien reçoivent des coups de fil de collègues leur disant : « Je t’ai envoyé un mail il y a cinq minutes, tu ne m’as pas répondu » ?

La souffrance psychologi­que est donc bien réelle...

Oui. Les salariés subissent une grande pression. À laquelle s’ajoutent parfois des conflits de valeurs : on leur demande de réaliser des choses en moins de temps, mais de plus grande qualité. Manifestem­ent, ces deux impératifs s’accordent mal.

Le contexte économique est lui aussi différent...

De nos jours, il est presque impossible de quitter son travail. On peut difficilem­ent démissionn­er parce qu’on en a assez, qu’on s’épuise, qu’on ne s’y retrouve plus : si on le fait, le marché de l’emploi est tel qu’on court le risque de ne pas trouver un autre poste. Si, en plus, on a une famille à charge, on ne peut pas s’exposer au chômage.

Quelle attitude peut-on adopter en priorité ?

Il faut savoir faire des pauses. Il est physiqueme­nt impossible de rester plus de  minutes concentré sur une tâche. Mieux vaut souffler quelques instants de temps en temps. Il m’est arrivé de rencontrer des salariés qui m’expliquaie­nt que la pause cigarette était sacrée : non pas parce qu’ils voulaient fumer, mais parce qu’il s’agit d’un moment de détente entre collègues où ils parlent d’autre chose. Finalement la pause café [sans tabac, c’est encore mieux !, Ndlr] est importante pour bien travailler.

Le travail a aussi tendance à s’insinuer dans la vie privée.

D’où la nécessité de savoir couper, de ne pas céder à la tentation de consulter ses messages pendant le weekend ! Les temps de repos sont importants, il faut les préserver.

Y a-t-il un profil de personnes sujettes au stress au travail ?

Paradoxale­ment, il s’agit de celles qui aiment beaucoup leur travail. Plus on s’investit, plus on subit la pression ! Ensuite, il est difficile de dresser des généralité­s car il y a différents types de personnali­tés, que je décris dans mon livre. Les sources de stress ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Le plan d’action pour apprendre à mieux gérer ses émotions va donc dépendre de chacun.

“Les sources de stress ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Tout dépend de sa personnali­té.” Sophie Morin Psychothér­apeute et psychologu­e du travail

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(Photos Frantz Bouton et DR) Ce sont les personnes les plus investies dans leur travail qui sont les plus exposées au stress.
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