Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Guillaume Capobianco veut faire respecter l’USS

Le président du club de rugby de La Seyne a écrit à son homologue de Strasbourg, dont il n’a pas accepté le comporteme­nt suite à la défaite de son équipe en 8e de finale de Fédérale 1

- PROPOS RECUEILLIS PAR SÉBASTIEN HÉNOT shenot@nicematin.fr

L’Union sportive seynoise conservera un souvenir impérissab­le de son 8e de finale de Fédérale 1... et de son adversaire. Un très bon souvenir parce que les hommes de Guillaume Capobianco ont éliminé le favori de ces phases finales, le Rugby club de Strasbourg (RCS) (Var-matin de lundi). Et un très mauvais souvenir car les Alsaciens n’ont vraiment pas été ‘‘pros’’, un statut qu’aurait pu leur donner leur budget censé les faire monter en Pro D2, ni sportifs, et même sans aucun rapport avec les valeurs du rugby. La Seyne en avait déjà eu un aperçu lors de la saison régulière : lors de leur venue le 16 octobre, les Strasbourg­eois avaient dégradé les installati­ons hôtelières dans lesquelles ils avaient logé... et ce sont les Varois qui avaient été traités de voyous lors de leur déplacemen­t dans le Bas-Rhin le 19 février ! Le RCS a confirmé son comporteme­nt déplorable lors des matches aller et retour de ce 8e de finale : le 23 avril, il est reparti lourdement battu (41-11) et avec une ‘‘légèreté’’ allant jusqu’à ne pas saluer son hôte avant de reprendre la route. Dimanche dernier, il n’a pas été plus respectueu­x envers l’USS, ni pour son accueil avant la rencontre, ni par sa ‘‘sortie’’ d’après-match, un dirigeant seynois ayant dû insister pour obtenir de quoi sustenter les siens (quelques sandwiches et bananes)... Entretemps, un des entraîneur­s de l’USS a en revanche bien eu droit à des insultes... et des menaces (!), que son président n’ose même pas répéter: « C’est grave. Ce sont des choses que l’on ne dit pas. Ce n’est pas juste du vocabulair­e fleuri... » Mais Guillaume Capobianco a décidé de réagir, dans une lettre ouverte à son homologue du RCS Christian Loth (lire ci-dessous) et dans nos colonnes.

Vous avez finalement dû être encore plus surpris par le comporteme­nt des Strasbourg­eois que par la qualificat­ion des Seynois...

Je suis président de l’USS depuis juin dernier et je n’ai peut-être pas intégré tous les codes... Mais, j’ai beaucoup voyagé, j’ai rencontré beaucoup de gens, beaucoup de présidents. Et je me suis rendu compte que le RC Strasbourg n’était pas un club comme les autres : j’en ai parlé avec d’autres présidents et ils m’ont dit être d’accord avec moi. Dans le train de notre retour de Strasbourg dimanche, j’ai eu huit heures pour y réfléchir et écrire cette lettre. Et le nombre de coups de fil que je reçois de Strasbourg pour me dire que j’ai eu raison d’écrire ça...

Comment expliquez-vous le comporteme­nt des Strasbourg­eois et notamment de son président ?

Très honnêtemen­t, je ne sais pas. L’USS a une réputation rugueuse, selon laquelle ses joueurs ne sont pas des tendres : je ne sais pas si le président du RCS nous a évalués par rapport à ça... Mais je sais que, moi, quand mes joueurs vont dans un hôtel, je ne tolère pas qu’ils le dégradent. Le directeur de l’hôtel seynois qui l’a été par les Strasbourg­eois m’a appelé et j’ai eu honte : j’ai présenté mes excuses à la place du RCS, qui ne l’avait pas fait. Je tiens à préciser que j’ai également eu des contacts avec d’autres dirigeants strasbourg­eois et ils ne renvoient pas la même image que leur président.

Existait-il un contentieu­x entre les clubs ?

Même pas ! Au contraire : lors de notre premier match cette saison, j’avais salué tous les joueurs et j’avais discuté avec eux.

Comment vos joueurs ont vécu ces ‘‘événements’’ ?

Mon rôle de président est de le préserver et qu’ils restent concentrés sur leur match dans ce genre de moments : ils ne se sont rendus compte de rien. Les rencontres ont d’ailleurs été très correctes : cela s’est mieux passé sur le terrain qu’en dehors.

Pourquoi n’avez-vous pas communiqué avant sur tous ces faits ?

Il y a eu une succession de mesquineri­es. Et le fait de ne pas nous laisser acheter de boissons et de ne pas nous avoir préparés de sandwiches a été la goutte qui a fait déborder le vase : en tant qu’être humain, je m’en fous, mais pas en tant que président de l’USS. Cela m’a semblé hors norme : c’est un manque de respect.

Le président du RCS a-t-il répondu à votre lettre ouverte ?

Non. Il a simplement écrit sur notre page Facebook qu’il n’avait pas de leçon à recevoir... Et il ne répondra pas : il sait très bien qu’il était à côté de la plaque.

Envisagez-vous de donner une suite auprès de la Fédération ?

Non. Tout le monde a bien compris mon coup de gueule. Même si beaucoup n’avaient pas besoin de ma lettre pour se faire une opinion du président de Strasbourg... Je veux juste une chose : que cet homme se remette en cause, mais pas mettre le RCS en porte-àfaux.

Cela ne confirme-t-il pas que le rugby est en train de suivre la mauvaise voie empruntée par le foot ?

Au plus haut niveau du rugby amateur, il est vrai qu’un club comme Strasbourg a déjà basculé dans le profession­nalisme : il a d’autres enjeux, d’autres tensions. Mais, sur l’ensemble des clubs que j’ai croisés, il est le seul à avoir eu cette attitude.

Les valeurs du rugby ne sont-elles pas quand même en train de se perdre ?

Elles évoluent. Mais ce sont toujours quinze mecs sur le terrain, prêts à mourir l’un pour l’autre, unis par un truc surnaturel. Derrière une victoire ou une défaite, il y a toujours les mêmes moments de conviviali­té. Nous, quand nous perdons, nous tendons la main à nos adversaire­s et nous allons boire un verre ensemble. Le monde amateur est encore différent du monde profession­nel : à nous de préserver ces valeurs.

1. Christian Loth n’a pas répondu à notre sollicitat­ion.

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(Photo S. B.) Guillaume Capobianco estime que le président du club stasbourge­ois, par son outrance et son comporteme­nt, était « à côté de la plaque ».

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